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des rosées, des brouillards, de la neige & des autres météores aqueux, & d’absorber insensiblement tous les principes fécondans répandus dans l’atmosphère. (Voyez Amendement, chap. Ier.)

3o. Que le mouvement, si nécessaire à la végétation, est imprimé aux sucs en partie par ceux du fluide qui les environne. Le poids & le ressort de l’air, ses différens degrés de chaleur & de froid, produisent une alternative de raréfaction & de condensation dans les fluides des végétaux. Cette alternative prépare & élabore ces sucs ; le corps spongieux des racines les absorbe ; la chaleur du jour les raréfie, & par-là les déplace ; la fraîcheur de la nuit les condense & facilite l’introduction d’autres liqueurs ; enfin, suivant M. Toaldo, cette alternative égale de dilatation & de contraction dans les canaux des plantes, y établit une espèce de mouvement, soit péristaltique, soit de diastole & de sistole, qui avance le mouvement, & peut-être la circulation des fluides dans tous les corps des plantes.

4o. Que rien n’est plus favorable à la végétation, qu’une douce chaleur, accompagnée d’une légère humidité ; la chaleur donne le mouvement, l’humidité fournit la matière.

Il nous reste à parler d’un principe répandu dans l’atmosphère, qui donne souvent des signes sensibles de son existence, & que tous les jours on découvre produire de très-grands effets, l’électricité. Des esprits enthousiastes ont rendu ce principe universel ; ils l’ont voulu faire la cause de tous les phénomènes qui se passent sous nos yeux. À force de le trop généraliser, ils ont obscurci sa marche, & souvent embrouillé ses vrais effets. Nous renvoyons au mot Électricité pour y développer sa nature, son action, & les points que nous pouvons regarder comme des vérités démontrées sur ce nouvel agent. Il nous suffit, pour compléter les connoissances que nous devons avoir sur l’atmosphère, de démontrer qu’il est toujours électrique.

C’est une vérité reconnue de tous les physiciens ; les expériences des Dalibard, Delor, Lemonnier, Romas, Francklin, &c. l’ont prouvée d’une manière à ne laisser aucun doute : tout nous démontre que la masse d’air dans laquelle nous vivons, est une source inépuisable de matière électrique ; c’est le vrai magasin de l’électricité, suivant l’expression de M. Lemonnier. Les orages, les tempêtes, les foudres & les éclairs, annoncent ses effets, ou plutôt elle en est la cause principale. Presque toujours la résolution des nuages en pluie, la formation de la grêle, les brouillards, les bruines, sont précédés ou accompagnés des signes de l’électricité la plus forte, capable de donner la commotion. De simples nuages flottans dans le vague des airs, sont autant de réservoirs qui promènent de tous côtés des amas de fluide électrique. Les barres électriques isolés en soutirent une partie, & annoncent sa présence par les étincelles & l’attraction des corps légers. Dans le tems le plus serein, l’air, ou plutôt l’atmosphère est imprégnée d’une certaine quantité d’électricité. En tout tems, en toutes saisons, à