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nourriture échauffante ; il faut modérer les effets de l’avoine par un mélange d’alimens tempérés, ne l’abreuver de temps en temps que de l’eau blanche, & n’user jamais de rigueur envers lui, tant il est toujours dangereux de l’irriter. Les alimens qui sont le moins substantiels conviennent au cheval triste & mélancolique.

3o. La taille : on donne au cheval de selle dix livres de foin, autant de paille, & deux picotins d’avoine ; au cheval de labour ou de charrette, vingt livres de foin, dix de paille, & trois picotins d’avoine. Trente livres pesant d’un mêlange de paille & de luzerne, suffisent à la nourriture du cheval de labour ; encore faut-il que l’avoine lui soit retranchée dans le repos, la ration de ce grain lui devant seulement être accordée lors du travail. Vingt livres de ce mêlange nourrissent amplement des chevaux de selle & de bât, de la grande taille. L’expérience nous apprend que les habitans des campagnes, qui ne craignent pas de faire manger ce fourrage pur, au-dessus de trente livres par jour, à chaque cheval de labourage en repos, exposent cet animal à la gale, aux eaux, au farcin, à la fourbure ; (voyez ces mots) & à tous les désordres que peut occasionner la pléthore, & dont la mort la plus prompte est le résultat ; en un mot, si les uns & les autres de ces chevaux jouissent d’un long repos, ou sont tenus à une fatigue plus forte. Dans le premier cas, il convient de diminuer la ration, & de l’augmenter dans le second. Les cultivateurs n’oublieront pas sur-tout, que la surabondance des alimens les plus convenables, est plus pernicieuse que leur mauvaise qualité ; ils proportionneront donc la ration toujours d’après l’observation de l’âge, du tempérament, de la taille, & de la somme du travail auquel ils soumettent leurs chevaux, ou sur la somme des déperditions qu’ils font.


CHAPITRE VII.

Des Alimens liquides.


Section première.

De l’Eau.


L’eau est la boisson ordinaire du cheval : l’eau de la rivière est bonne & salubre, pourvu qu’on n’y mène pas le cheval dans le temps le plus âpre de l’hiver, & qu’on ait l’attention à son retour, non-seulement d’avaler l’eau, ainsi que nous devons l’indiquer à l’article du pansement de la main, mais de lui sécher parfaitement les pieds, en les essuyant. Si l’on est obligé, dans l’hiver, d’abreuver le cheval dans l’écurie, il faut avoir grand soin de faire boire l’eau sur le champ aussitôt qu’elle est tirée, & avant qu’elle ait acquis un degré de froid considérable. Il est possible de parer & d’obvier à la froideur de l’eau, & à sa trop grande crudité, en y trempant les mains, ou en y jetant du son, ou en y mêlant une certaine quantité d’eau chaude, ou bien en l’agitant avec une poignée de foin.


Section II.

De l’heure convenable pour abreuver le Cheval.


Le laboureur ne doit jamais, & dans aucune circonstance, faire boire ses chevaux, quand ils sont échauffés