Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/422

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ces expériences, je le prie de m’en communiquer le résultat, afin de savoir s’il sera exactement le même.


CLOS. Espace de terrein cultivé, environné de murailles ou de haies, ou de fossés.


CLÔTURE. Il est étonnant qu’on ait mis en problême, s’il convenoit de clorre ses champs ! À l’article Communaux, communes, on fera voir le mal qui résulte du droit de parcours ; il est également question ici des avantages des clôtures en elles-mêmes.

Les gaulois nos ancêtres, & les romains, au rapport de Varron & de tous les anciens auteurs agronomes, faisoient grand cas des clôtures, & en comptoient quatre espèces ; la naturelle, formée par des haies ; la champêtre, des pieux ou des broussailles ; la militaire ou fossé, dont le bord intérieur du champ étoit rechaussé par la terre tirée de ce fossé ; l’artificielle ou en maçonnerie. Cette dernière se subdivisoit encore en quatre ; en pierres, c’étoit l’usage du canton de Tusculum ; en briques cuites, c’étoit l’usage des gaulois ; en briques crues, dans la terre de Sabine ; enfin, en terre & cailloux entassés entre deux planches, (c’est le pisay, voyez ce mot) tels qu’il s’en trouvoit en Espagne & dans le canton de Tarente.

Que l’on entoure de murs ses jardins, que l’on soit fermé chez soi, la prudence semble l’exiger ; mais enclorre ainsi de grandes possessions, je ne conçois rien à cette jouissance exclusive, & c’est l’acheter bien chèrement. Quand même on auroit sur les lieux la pierre, le sable & la chaux à bon prix, il est toujours très-dispendieux de mettre lit de pierre sur lit de pierre ; enfin, de bâtir. Si on considère la mise des fonds, on verra qu’avec la masse de cet argent mort, on auroit pu presque doubler ses possessions, & avoir l’intérêt de cet argent. Si le temps qui détruit & renverse tout, respectoit ces folies, elles seroient plus pardonnables ; mais un jour viendra qu’on sera forcé d’acheter une seconde fois son terrein, par les réparations, reconstructions & réédifications de ces murs qui, d’un parc, avoient fait une prison. Hommes riches, jouissez à votre manière ; je vous la pardonne, parce qu’elle fait vivre des ouvriers ! Les gens sensés n’imiteront pas votre exemple, & ils emploieront un même nombre d’ouvriers plus utilement. C’est pour ne pas être exposés aux voleries des paysans. Le prétexte est spécieux ! Ils voleront par an pour une pistole, & vous en dépensez mille en clôture. Ce n’est pas faire valoir son argent, & vos murs ne vous empêcheront pas d’être volés, d’être pillés, si on en a envie, à moins que vos murs ne ressemblent aux clôtures des religieuses ; & encore !

Les clôtures doivent avoir pour objet, 1.o d’empêcher les animaux de pénétrer dans les possessions ; 2.o de former des paravents aux arbres, aux moissons ; &c. 3.o d’accélérer la maturité des récoltes ; 4.o de bonifier les champs.

Une simple haie d’aubépin ou épine blanche, dans le nord & le centre du royaume, suffit & forme une barrière impénétrable aux hommes & aux animaux. Voyez l’article Haie, & la manière de les