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(V. ce mot) Les terres essentiellement compactes, comme les argiles, en demandent un plus grand nombre (Voyez les mots Argile & Charrue.) Il s’agit ici des cas ordinaires & non pas des grandes exceptions.

Voilà déjà un grand point éclairci ; il s’agit de s’occuper actuellement de la multiplication de l’humus ou terre végétale ; puisque c’est de cette sorte que dépend l’abondance des récoltes, subordonnées cependant aux saisons.

Section IV.

De la formation de l’Humus ; de la destination des mauvaises herbes & des jachères.

I. De l’humus. 1 °. On a dit que l’humus étoit la terre calcaire par excellence, qui avoit déjà servi à la charpente des animaux & des végétaux, & qu’ils avoient rendus à la terre matrice par leur décomposition.

2°. Comme il n’est pas facile de se procurer la quantité d’engrais animaux nécessaires à l’exploitation d’une grande métairie, il faut donc recourir aux végétaux pour les suppléer.

3°. Alterner ses champs est le moyen le plus simple, le plus économique & le plus sûr. (Voyez le mot Alterner qui est très-essentiel à l’objet présent, afin d’éviter les répétitions.)

4°. Toutes les provinces du royaume ne sont pas susceptibles de ce genre de culture ; il peut cependant être adopté dans la majeure partie. Les provinces méridionales ont sans cesse à combattre contre la sécheresse ; elles sont donc privées de la ressource de semer des grains quelconques, aussitôt après la récolte du blé &, même des raves, &c. Dans les mois de septembre & d’octobre, comme dans plusieurs autres cantons : la terre y est si sèche pendant l’été, que la charrue la sillonne avec beaucoup de peine. Quel parti faut-il prendre pour y créer l’humus ? Je ne connois qu’un seul expédient, donner, après qu’on aura ensemencé tous ses champs, deux forts coups de charrue au terrein destiné à relier en jachère ; l’ensemencer avec tous les mauvais grains de froment de seigle, d’orge, d’avoine, &c., qu’on aura séparés des bons au temps du battage ; enfin herser comme à l’ordinaire. Ces plantes semées épais végéteront avant l’hiver ; pendant l’hiver elles serviront de pâturages aux troupeaux, & du moment qu’elles approcheront de leur époque de fleuraison, il faut les enterrer par un coup de charrue à versoir. C’est le cas de faire passer la charrue deux fois dans le même sillon, afin d’enterrer l’herbe le plus qu’il sera possible. Voilà la matière de l’humus toute préparée pour les besoins de la récolte suivante. Les meilleures semailles dans les provinces méridionales, sont celles qui ont lieu du 15 octobre au 15 novembre. On peut encore, si l’on veut, semer des fèves, des vesce, des pois & autres légumes semblables, dès qu’on ne craint plus les gelées tardives enterrer les plantes au moment où la fleur va épanouir ; cette seconde méthode est moins sûre dans ce pays que la première, parce que le printemps y est quelquefois si sec, que leur végétation est bien peu de chose : dans l’un & dans l’autre cas, on perd à la vérité la semence, mais l’herbe qui en provient, formant un bon engrais & servant à la nourriture