Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/671

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bêtes, afin de les y faire pénétrer par leur urine & par leurs excrémens, il convient, dans différentes parties du champ, & sur les bords, d’y faire des monceaux composés d’un lit de bruyères, de mauvaises plantes & d’un lit de terre. Lorsque le monceau est fini, & de toute part recouvert de terre, on le bat fortement, afin que les pluies ne le pénètrent pas, & ne délavent pas les principes de végétation qu’il contient, & qui s’y forment : d’ailleurs ces monceaux attirent & s’imprègnent des émanations de l’atmosphère, ainsi qu’il a été dit au mot Amendement, & dans le dernier chapitre du mot Culture.

Si, absolument, on veut défricher à bras les landes maigres, ce que je ne conseille pas, & ce que je ne conseillerai jamais en grand, on doit également enterrer les herbes. Il ne faut jamais perdre de vue que ce terrein est dénué de principes, & qu’il s’agit de lui en procurer. Si on est dans l’heureuse position d’avoir beaucoup d’engrais, ils seront, chaque jour, répandus sur la partie qu’on défriche, &, pour ainsi dire, à mesure qu’ils arrivent de la basse-cour. On en sent facilement les raisons.

Je ne vois qu’un seul cas où des landes maigres doivent être défrichées à bras ; c’est lorsque la lande touche la métairie. On profite alors des jours d’hiver, pendant lesquels tous les travaux de l’agriculture sont suspendus, & le temps est employé utilement par les gens de la métairie. Ce travail, j’en conviens, ne vaut pas celui qui seroit fait au printemps ; mais on verra, dans le Chapitre suivant, qu’il ne sera pas perdu.

Sous le nom de lande maigre, je ne prétends point parler de ces rochers friables que l’on désunit & dispose à recevoir la vigne ; c’est une opération toute différente, dont il sera question au mot Vigne.

II. Des landes grasses. Veut-on convertir un bois en prairies, en terres labourables, & même cette portion de terrein n’étant couverte que de fortes broussailles ; il faut nécessairement appeler des bras ; les animaux attachés à la charrue la briseroient plusieurs fois par jour, & le défrichement seroit encore imparfait. Si le lieu à défricher n’est pas éloigné d’une ville où le bois ait du débit, il est constant que la main-d’œuvre pour le dessouchement sera payée & au-delà. S’il en est trop éloigné, si les chemins sont trop mauvais, on a la ressource de le convertir en charbon ; & sous un moindre volume, il double ou triple de valeur ; la spéculation est bonne : que si, ni l’un ni l’autre de ces partis n’est praticable, je ne vois pas pourquoi l’on défricherait, puisque les charrois des récoltes & leurs frais, multipliés en raison de l’éloignement, absorberoient le produit. Malgré ces vérités, si on a encore la fureur de défricher, c’est le cas de brûler sur la place les broussailles & leurs racines. Ici la position est bien différente de celle des landes maigres : la terre végétale ou humus ne manque pas, elle est toute formée & en abondance, le fonds est bon, & une augmentation de sel alcali (voyez ce mot) est très-avantageuse.) Ils se combineront avec les substances graisseuses & animales, les réduiront à un état savonneux, enfin prépareront la substance de la sève. (Voyez le dernier chapitre du mot Culture) D’ailleurs le sol des