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moins épaisse ou plus transparente que l’autre.

La seconde propriété de l’épiderme que l’observation microscopique démontre évidemment, c’est qu’il est sans couleur. Si, lorsqu’il recouvre une partie végétale quelconque, il paroît vert, gris, brun, rouge, jaune, c’est une illusion d’optique ; il agit comme un vernis sur un tableau ; le vernis n’est nullement coloré, il laisse distinguer à travers la propre substance les couleurs étendues sur la toile. La nature nous offre une comparaison plus juste & plus exacte. L’épiderme qui recouvre la peau noire, brunâtre, cuivreuse de certains peuples n’est pas noir, brun ou cuivreux, & le principe de ces couleurs ne réside pas dans cette membrane ; mais dans la substance muqueuse que l’on a nommée le réseau de Malpighi. Il est vrai que l’épiderme influe sur l’intensité des couleurs & sur leur vivacité. À l’article Couleur des Plantes, (Tome III, page 521) nous sommes entré dans quelques détails sur cet objet, & nous y renvoyons, afin de ne pas nous répéter.

Quelqu’attention que l’on apporte à enlever un lambeau d’épiderme, on remarque presque toujours qu’il y reste adhérens des corps globuleux, transparens & colorés ; ces corps sont ou des glandes corticales, ou des mamelons, des utricules qui faisoient partie du parenchyme & du tissu réticulaire. Dans les feuilles & les pétales, ces utricules contiennent la matière colorante.

L’épiderme que nous avons reconnu tout à l’heure, recouvrant extérieurement & intérieurement les lobes d’une féve, & enveloppant la plante & la radicule, est le principe de l’épiderme entier de toute la plante ; il s’étend dans la profondeur de la terre, avec la radicule, & s’élève dans les airs avec la plume. Le même mécanisme qui préside à l’accroissement & au développement de chaque partie de la plante, occasionne sans doute celui de l’épiderme ; au mot Accroissement nous en avons donné la théorie. Ce seroit certainement ici le lieu d’expliquer comment l’épiderme de certains arbres se conserve sain & entier, tandis que celui des autres se déchire & se désunit par lambeaux ; mais, nos recherches & nos observations n’ont pas été jusque-là. Nous voyons tous les jours ce phénomène, il frappe nos yeux à chaque instant, cependant il est encore un mystère pour nous. Il est bien facile de dire que l’épiderme est plus tenace & plus ductile, si l’on peut se servir de cette expression dans le règne végétal, dans tel ou tel arbre que dans un autre ; la question ne sera pas résolue, & elle le sera encore moins lorsque l’on songera qu’en général l’épiderme des arbres vigoureux résiste davantage, & se déchire bien plus tard que celui des arbres languissans.

Presque tous les anatomistes & les observateurs qui ont étudié au microscope, la peau animale, croyent, d’après Lewenhoeck, Boerhaave & autres, que l’épiderme qui la recouvre est composé d’écailles. J’avoue de bonne foi que je n’ai jamais pu les observer, & qu’au contraire j’ai toujours trouvé une membrane sèche absolument en rapport avec l’épiderme végétal. Ce n’est pas sur les mains sur les parties exposées au grand air, ni sur la peau des hommes faits &