Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/136

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(Voyez, sur sa formation, le dernier chapitre du mot Culture) Dans l’un & dans l’autre cas la plante est peu nourrie ; mais plus les plantes seront rapprochées, plus il faudra de nourriture pour leur subsistance. Supposons l’espace d’un pied en quarré & qu’il contienne douze parties de terre végétale ; s’il y végète quatre plantes, chacune en absorbera trois ; & s’il s’y en trouve douze, chacune n’aura que la sienne : la force de cette douzième plante sera donc comme un est à quatre. Il restera, après cela, à savoir si les douze plantes produiront plus que les quatre ; je ne le crois pas, parce que l’on n’aura dans celles-ci que des tiges maigres & chétives, & des épis proportionnés à leur force, tandis que dans les autres les épis seront bien formés & bien nourris. Si les semoirs ont jamais été de quelque utilité, c’est dans, ce dernier cas, parce que la semence est répandue uniformément & à une distance proportionnée à la force du sol.

Il est aisé de multiplier les objections contre les quatre assertions énoncées ci-dessus, de citer des cas particuliers, des expériences, des pratiques locales, &c. &c. ; mais je prie d’observer que je parle en général, & qu’il est réservé à l’Être suprême de prévoir tous les cas particuliers & encore les modifications dont ils sont susceptibles & qui vont à l’infini.

La plus forte objection se réduit à dire qu’une partie de la semence ne germe pas, qu’une autre est dévorée par les insectes, que le froid, les pluies, &c. en font périr beaucoup ; enfin, que, suivant le proverbe, il vaut mieux avoir semé dru que trop clair, afin de remédies aux avaries.

Avant d’entrer dans aucune discussion, il conviendroit de spécifier ce que les cultivateurs & les auteurs entendent par semer dru ou semer clair. Est-ce du double ou du triple des quantités indiquées ci-dessus ? Je dis que ces quantités sont suffisantes & bien plus que suffisantes, si tous les grains germoient, poussoient, tallaient, épioient, &c.

La pesanteur d’un grain de blé ordinaire, ni trop gros ni trop petit, a servi d’étalon & a déterminé les poids. Le grain est la 576e partie de l’once, & 16 onces poids de marc font une livre. (Je ne parle que de celui-là) Il y a donc 576 grains de blé dans une once, & quelques auteurs avancent qu’elle contient jusqu’à 600 grains de blé ; mais en prenant au plus bas, la livre de froment est donc composée de 9216 grains, & les 40 livres supposées de semences pour un bon champ de 400 toises quarrées, renferment donc 368640 grains de froment.

La toise quarrée de six pieds-de-roi contient 36 pieds quarrés. Or, en multipliant 400 toises quarrées par 36 pieds, on trouve dans cette étendue 14400 pieds quarrés ou de superficie. Voilà donc deux points connus, celui du total de la superficie & celui du total du nombre de grains. Il reste à présent à savoir combien il y aura de grains de semences par pied quarré, & après avoir multiplié 368640 par un, le quotient est 368640, qui divisé par l’extrême 14400, donne par chaque superficie de pied quarré il tombe 25 grains es, plus un e. Le pied quarré contient soixante-douze