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les bras & le genouil qui sert de point d’appui, & à petits coups il amène en dehors les pailles, les ordures, les grains d’avoine, d’orge &c. Il faut beaucoup d’exercice avant de bien manier un van. Il sera représenté dans les planches, au mot Instrumens d’agriculture.

Qui pourroit se persuader qu’un instrument si ancien, si commode, & duquel le corps des Vanniers a pris son nom, soit inconnu dans un grand nombre de nos provinces ?

III. Du Criblage. (Voyez le mot Crible) C’est l’action de cribler le grain, c’est-à-dire, de le séparer des petites pailles & des mauvais grains. Le Crible est représenté dans la même gravure que les Blutoirs. (Voy. ces mots où l’on indique la manière de se servir de ces instrumens).

Avant de porter les grains dans le grenier, je voudrois, autant que les circonstances le permettront, qu’on fît un lit de planches, d’une surface proportionnée au volume de blé, & que ce lit ou plancher fût placé contre un fort abri qui augmenteroit l’ardeur du soleil. On pourroit, si on le vouloit, le couvrir avec des toiles qui le déborderaient de plusieurs pieds. Ce plancher serviroit à porter une masse de blé de deux à trois pieds d’épaisseur ; elle resteroit pendant plusieurs jours exposée à toute la violence du soleil, & chaque soir, dans la crainte des rosées & pour prévenir la fraîcheur des nuits, on recouvrirait le monceau avec les toiles excédantes de la base, & on en ajouteroit de nouvelles par-dessus. Cet expédient me paroît utile dans les pays où l’on bat le blé aussi-tôt qu’on l’a récolté ; il préviendroit l’échauffement que ces blés éprouvent ordinairement dans les greniers qui leur fait contracter une mauvaise odeur & les détériore beaucoup. Les blés ainsi amoncelés tueroient l’eau surabondante de végétation qu’ils auroient dissipée s’ils eussent restés un certain temps dans le gerbier. En général on se presse toujours trop de battre, de venter, de cribler, &c. ; la balle & la paille façonnent le grain.

CHAPITRE XII.

Des Pailles.

Les pailles de froment, d’avoine & d’orge, devant faire la base de la nourriture des animaux d’une métairie, il est essentiel de les conserver avec soin. Si on n’a pas des hangars assez vastes pour les contenir, il est indispensable de les élever & rassembler en meules ou meaux, auxquels on donne la même forme qu’aux gerbiers. La meilleure méthode est celle décrite à l’article des Gerbiers à demeure jusqu’au temps du battage. Rien n’est plus aisé, si la paille a été battue au fléau, & la difficulté augmente lorsqu’elle a été piétinée par les chevaux, ou autrement dit, dépiquée. (Voyez ce mot). Dans ce cas elle n’a point de longueur, elle glisse, & ne peut être montée avec une consistance solide. Voici un moyen dont on peut faire usage. Commencez par battre sur le banc ou égrainer la paille de seigle la plus longue que vous pourrez vous procurer ; sur le sol, faites un lit de cette paille, qui doit excéder de moitié le pourtour à donner au gerbier ; couvrez ce pourtour avec la paille dépiquée, & lorsqu’il y en