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en fer, que l’on passe & repasse sur les gazons, afin d’aplanir le sol, d’affaisser l’herbe, & d’empêcher qu’un brin ne passe pas l’autre, & on appelle cela imiter la nature ; quelle imitation !

Il y a une seconde manière de gazonner ; elle consiste à appliquer sur un endroit des gazons tout formés, pris dans un autre. On choisit à cet effet les pelouses rendues les plus rases, par le passage fréquent des troupeaux. On les coupe en morceaux égaux, d’un pied & demi de longueur sur un pied de largeur, & de trois pouces d’épaisseur, & on les enlève avec la bêche (Voyez ce mot). On plaque ces morceaux contre les talus, les rampes, les glacis, dans les boulingrins, les allées, &c. & des hommes armés de battes, les plaquent & les collent à coups redoublés contre le sol, de manière que le placage s’identifie avec le sol : l’opération finie, on les arrose, le tout largement, & on n’épargne pas l’eau dans la suite, relativement aux besoins de la plante.


GELÉE, Physique. Grand froid qui pénètre les corps & convertit l’eau en glace.

On peut voir au mot Froid, tout ce qui regarde cette température ; nous ne ferons qu’ajouter ici quelques détails sur la gelée proprement dite.

Quand le thermomètre de Réaumur est descendu jusqu’à zéro, alors dans tous les pays il commence à geler ; tous les fluides aqueux tranquilles, & exposés au grand air, commencent à se convertir en glace ; si le froid devient plus fort, on dit que la gelée augmente, & les eaux qui ont un cours, un certain degré de mouvement, s’arrêtent & se gèlent : enfin, elle croît comme l’intensité du froid ; il gèle dans l’intérieur des maisons, dans les maisons les mieux fermées, & les rivières, même les plus rapides, finissent par se glacer en partie, & même quelquefois, toute leur superficie est prise jusqu’à une certaine profondeur. La gelée naturelle dépend donc de la température de l’air, & par conséquent plus l’air sera froid, plus il gèlera. Certaines vapeurs, l’évaporation, les vents, influant sur le degré du froid, influent aussi sur celui de la gelée. Un vent du nord, sec, accompagné d’un ciel serein, occasionne une telle gelée, & en général il gèle plus souvent & plus fort par ce vent que par un temps humide & couvert.

Un phénomène assez singulier qui accompagne les fortes & longues gelées, c’est la poussière légère dont les chemins sont alors couverts comme dans les jours les plus beaux & les plus secs. Si vous vous promenez dans les grandes gelées, vos souliers seront bientôt couverts d’une poussière fine que le moindre vent fait voltiger ; mais à peine êtes vous rentré dans un lieu où la température soit assez douce pour fondre la glace, ces petits grains de poussière se fondront, & il n’en restera presque plus. Le froid extrême sépare & isole chaque grain de terre attaché à un atome d’eau qui est gelé ; c’est, pour ainsi dire, un grain de glace recouvert par de la poussière : ce glaçon se détache facilement de la terre, &, comme il est très-petit, & par conséquent très-