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HÊTRE ou FAU ou FAYARD. son fruit est appelé FAINE. Tournefort place cet arbre dans la seconde section des arbres à fleurs à chaton, dont les fleurs mâles sont séparées des femelles sur le même pied, & dont les fruits ont une enveloppe coriacée. Il l’appelle sagus. Von-Linné le classe dans la monoécie polyandrie, le réunit au genre des châtaigniers, & le nomme sagus silvatica.

Je ne donnerai pas la description les fleurs, puisque c’est la même que celle du châtaignier, (voyez ce mot) ; elles n’en diffèrent que par leur chaton sphérique, tandis que dans le châtaignier il est cylindrique.

Fruit, ovale à quatre côtés, s’ouvrant en quatre parties, ne formant qu’une seule loge, contenant quatre semences triangulaires.

Feuilles, portées par des pétioles ovales, avec quelques dentelures sur leurs bords, d’un vert clair & luisant.

Racine, rameuse, ligneuse.

Port. Grand arbre à tige très haute, très-droite ; son écorce est blanchâtre & unie ; les fleurs mâles & femelles naissent des aisselles des feuilles, & n’ont presque point de pédicules ; les fruits sont épineux, & es feuilles alternativement placées sur les branches.


CHAPITRE PREMIER.

Du Hêtre, relativement à son bois.


Après les différentes espèces de chênes, le hêtre est un des plus beaux arbres de nos forêts, & quoiqu’il soit assez commun dans les pays plats & tempérés, il n’en est pas moins un arbre indigène aux montagnes ; celles de Suisse en sont couvertes. On l’y trouve à la même élévation que le sapin, avec cette différence cependant que le sapin y est du côté du nord, & le hêtre du côté du midi. Dans les Pyrénées le hêtre vient plus volontiers sur les mêmes côtes, mais dans une région un peu plus basse que le sapin. Il me paroît que dans l’une & l’autre chaîne de montagnes, l’intensité de chaleur règle sa végétation relativement à l’élévation du sol ; & par-tout le hêtre fait un très-bel arbre, même dans les provinces méridionales. En Suisse & dans les pays où le sapin, le pin, le chêne fourmillent, on fait peu de cas du hêtre, sinon pour le chauffage ; car aucun arbre n’est plus agréable à brûler : mais divisé en planches on préfère celles des autres arbres. On tente même de le détruire dans plusieurs vallées des Pyrénées, parce qu’il y tient la place des sapins, qui sont plus productifs. Il n’en est pas ainsi dans toutes les vallées ; par exemple, les habitans de celles de St. Jean-pié-de-Port, ont l’industrie d’en faire des rames qu’ils font descendre à Bayonne, d’où ils en fournissent tous les ports de l’océan ; ce genre d’industrie pourroit être imité par les propriétaires des autres vallées. À combien d’autres usages économiques ne pourroit-on pas encore l’employer sur les lieux, ainsi que nous le dirons bientôt, afin de donner aux ouvrages qu’on en feroit une valeur qui couvriroit les frais du transport & assureroit un bénéfice aux fabricateurs ? C’est aux seigneurs & aux curés des villages à exciter ce genre d’industrie, & à y attirer des ouvriers en différens genres. Les tour-