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dans nos jardins, il suffit de jeter un coup-d’œil sur l’arbre généalogique (voyez le tableau ci-joint) présenté par M. Duchesne, & l’on verra combien de métifs il en est résulté. Nous suivrons l’ordre qu’il a établi.

CHAPITRE PREMIER.

Des espèces de Fraisiers.

I. Fraisier des mois ou des Alpes, fragaria semper florens. Duch. (Voyez Planche II, N°. 1.)

Fleur, à cinq ou six pétales, plus communément à cinq, égaux, arrondis, disposés en rose ; le calice composé de plusieurs pièces qui se sous-divisent ; la fleur est ordinairement de six à sept lignes de diamètre, & plus petite que celle du fraisier des bois ou fraisier commun.

Fruit, renflé dans son milieu, alongé à son sommet, & plus large à sa base. M. Duchesne dit qu’il ne diffère en rien de celui des bois ; cela peut être aux environs de Paris, mais il est constant que, dans les provinces plus méridionales, le fraisier des bois a ses fruits plus arrondis & moins terminés en pointe. La couleur des fraises communes est moins foncée. Il est aisé de concevoir combien le changement de climat, de sol, & de culture, doivent influer sur les formes.

Feuilles, de même grandeur que celles du fraisier commun, couvertes en dehors & en dedans, d’un poil court & peu épais ; dentées en manière de scie sur les bords.

Port. Ses tiges ou montans s’élèvent à la hauteur de cinq ou six pouces, & sont peu rameuses. Les boutons naissent des aisselles des feuilles ; il y en a de trois espèces ; les uns poussent des filets ou coulans très-déliés ; les autres des montans, & les troisièmes peu nombreux, des œilletons foibles, à moins qu’on n’ait l’attention de rechausser les pieds.

Lieu ; originaire des Alpes, des hautes montagnes où il fleurit deux fois l’année, & y répand dans l’air un parfum admirable. Dans nos jardins, il fleurit pendant toute l’année, tant que le froid rigoureux ne suspend pas sa végétation : il est aisé de remédier à l’intempérie de la saison par de bons abris, des paillassons, &c.

II. Le fraisier de bois ou fraisier commun, fragaria vulgaris fructu rubro. Fragaria silvestris. Duch. Il n’étoit pas nécessaire de faire graver cette espèce, & sa description devient inutile, puisque la plante est connue de tout le monde. Si on le cultive dans les jardins, il acquiert une tige mieux nourrie, & toute la plante a plus de vigueur, le fruit moins de parfum. Les variétés de cette espèce sont :

2 a. Le fraisier panaché, fragaria silvestris, variegato folio. Tourn. On a déjà fait observer, dans le courant de cet Ouvrage, que les panaches des feuilles dérivent d’une maladie ; telles sont celles du houx, du lilas, &c., & que pour multiplier cette variété, il faut recourir à la greffe, à la bouture, à la marcotte, &c. (voyez ces mots) & non pas au semis. Il en est de même pour le fraisier dont il s’agit. Il ne diffère de son type que par la bigarrure de ses feuilles.

2 b. Le fraisier blanc, fragaria silvestris alba. Duch. Les feuilles, les coulans ou filets sont plus pâles que ceux de bois ; le fruit jaunit, & il est très-peu parfumé, très-inutile à transporter dans les jardins.