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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/750

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vision d’engrais. Ils suppléent alors à la soustraction des principes végétatifs que chaque récolte enlève. Quel est donc le moyen de se passer des jachères ? c’est d’alterner les cultures, (voyez ce mot). Peut-on partout alterner ? c’est encore un problème à résoudre, dont la solution tient au climat. Il est essentiel de lire les articles Alterner, Amendement, le dernier Chapitre du mot Culture, & le mot Engrais. Pour présenter la question dans tout son jour, il convient d’examiner les avantages qu’on retire des jachères, & ceux qui résultent de leur suppression totale.


Section Première.

Des inconvéniens de la suppression des Jachères.


Parlons le langage des partisans des jachères ; 1°. la terre s’épuise & est nécessairement épuisée après les récoltes consécutives de froment, & même alternatives de froment & de seigle. Il est donc essentiel de la laisser reposer pour qu’elle reprenne de nouveaux principes, capables de fournir à la bonne végétation de la récolte qu’on espère après l’année du repos. Cette assertion prise en général & en particulier, est vraie & très-vraie. Plusieurs récoltes consécutives de plantes graminées épuisent la terre, parce que toutes ont des racines très-fibreuses & peu profondes ; & plus le nombre de ces racines est multiplié, plus le sol de la superficie est émietté & exténué. En un mot, on a fait absorber par ces graminées tout le terreau, ou terre végétale, ou humus contenu dans le sol, sans lui donner le temps d’en composer de nouveau. Il est donc clair que si on demandoit à ce sol épuisé une nouvelle & abondante récolte, ce seroit exiger la chose impossible.

2°. Les grains d’hiver, comme froment & seigle, couvrent la superficie de la terre dans nos provinces du nord ou dans les pays élevés, depuis le milieu de septembre jusqu’au milieu ou à la fin de juillet, & souvent une partie du mois d’août. Après les avoir coupés, il ne reste plus que deux mois pour le travail des terres. Si la sécheresse s’est fait sentir pendant l’été, si elle continue jusqu’en septembre, comment pourra-t-on soulever la terre avec la charrue ? Chaque sillon n’offrira qu’une longue suite de mottes, que des labours multipliés coup sur coup déplaceront sans briser ; les sillons seront nécessairement peu profonds, & la terre du dessous ramenée en dessus par la charrue, n’aura pas eu le temps de se cuire ni d’absorber les précieuses influences des météores. Il n’y aura eu, par conséquent, ni fermentation, ni décomposition, ni recombinaison des principes, & le terrain de dessous qui formoit auparavant celui de la superficie, & dont les principes ont été absorbés par les récoltes précédentes, ne sera plus dans le cas d’en fournir de nouveaux à la récolte suivante. Ces assertions sont encore très-vraies.

3°. Dans les provinces méridionales, il est impossible de ne pas laisser subsister l’année de jachère, puisque souvent, & même assez régulièrement, chaque année il n’y tombe pas une seule goutte de pluie depuis le mois de mai jusqu’à l’époque de l’équinoxe, à moins qu’il ne sur-