alors ces herbes s’imprègnent, se nourrissent, & s’approprient l’air fixe qui sort de la terre, comme les graines mises à germer sous un récipient rempli d’air fixe, comme il a été dit plus haut. Ainsi le périt mal est compensé par un grand bien, par la végétation des herbes qui produiront dans la suite l’humus ou terre végétale.
D’ailleurs tout propriétaire intelligent doit saisir cette époque pour semer sur ce même champ des raves, des navets, du sarrasin, des carottes, &c, qui serviront de nourriture au bétail pendant l’hiver suivant, & qui seront ensuite enfouies au commencement du printemps, par deux forts labours. Cette manière d’opérer vivifie les terres mêmes les plus maigres (Voyez le mot Alterner).
2°. La sécheresse, j’en conviens, est un grand obstacle à ce labour sur le chaume, & sur-tout dans les provinces du midi ; mais comme on a du temps devant soi, quatre bœufs, ou mules, ou chevaux, laboureront avec la charrue le sol qui ne peut l’être avec deux. Il ne s’agit pas ici de détruire le chaume au moment même qu’il est coupé : ce n’est ni un besoin urgent, ni de première nécessité & prendre ce conseil à la rigueur, seroit un abus. Si on ne peut faire autrement, on attendra qu’une pluie bienfaisante vienne ouvrir les pores de la terre, & on profitera de cet heureux moment.
On voit, en suivant cette méthode, que dans tous les cas, il est possible de labourer, de bien labourer & de labourer fructueusement.
Les méthodes ordinaires laissent moins la liberté dans le choix ; cependant, dans tout état de cause, si on laboure les terres fortes, argilleuses, crayeuses, marneuses, lorsqu’elles sont pénétrées par l’eau, les pieds du bétail les paîtrissent, le dessous de la charrue les presse, & l’un de ses côtés les serre, & celui du versoir retourne des tranches toutes d’une pièce, qui se durciront en séchant, à moins que le labour ne soit donné avant l’hiver. Ces tranches, une fois séchées, seront difficilement dissoutes par la pluie, à cause dé leur ténacité ; & les labours sur les labours les déplaceront, les porteront plus haut ou plus bas sans les diviser, ainsi qu’il convient. Cependant ce labour sera compté, pour un, & il ne produira presque aucun effet.
Si au contraire cette terre est trop sèche, le bétail sera excédé de fatigue, la charrue entrera peu, & la terre soulevée sera en mottes, &c.
Le point à choisir d’où dépendent les bons labours, est celui où la terre n’est ni trop ni trop peu humectée ; mais dans les cantons où les pluies sont fréquentes, & dans quelques uns où elles sont presque journalières, cette disposition heureuse du sol n’est pas de longue durée, & on doit se dépêcher d’en profiter, en se servant de tous les moyens possibles.
Dans les cantons, au contraire, où les pluies sont rares, & où les chaleurs surviennent de bonne heure, la nécessité est encore plus urgente de saisir le moment, parce qu’une fois passé, il est rare de le retrouver pendant l’été. Mais si on avoit donné un fort labour avant & après l’hiver, & au point convenable, on ne seroit pas embarrassé pour les labours