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pour avoir une idée de la manière de vivre de la chenille & de sa métamorphose en papillon. Ce qu’il importe de savoir au cultivateur, est que toute espèce de chenille doit son existence à un papillon ; qu’une seule femelle de papillon produit un nombre prodigieux d’œufs d’où éclosent les chenilles. Il doit donc s’attacher à détruire le papillon, parce que dans ce moment il a peu d’ennemis à combattre, tandis que sa progéniture ressemblera à une armée entière dont il n’appercevra la présence que par ses dégâts. Cependant l’Être suprême qui a tout disposé avec une sagesse infinie, a mis des bornes à la trop grande reproduction de ces insectes ; les oiseaux en sont leur nourriture ordinaire, & c’est par cette raison que le nombre des papillons n’est jamais proportionné à celui des chenilles : sans eux, toutes les plantes, toutes les feuilles des arbres seroient à la fin dévorées. L’espèce d’insecte ou d’animal qui doit servir de nourriture à un plus grand nombre d’individus, est toujours la plus multipliée : la mouche en fournit la preuve. Malgré ces destructions réciproques d’un animal par un autre, & ainsi successivement depuis le ciron jusqu’au plus gros quadrupède, je dirois au cultivateur, aide-toi, le Ciel t’aidera ; travaille toujours à détruire les papillons autant qu’il sera en ton pouvoir. Avec de pareilles précautions la phalène n’attaqueroit pas nos blés, (Voyez le mot Froment) & ne détruiroit pas nos récoltes ; le ver blanc larve ou hanneton, (voyez ce mot) ne feroit pas périr nos arbres fruitiers en rongeant leurs racines, &c. &c. C’est le cas de dire principiis obsta.


PÂQUERETTE ou PETITE MARGUERITE. Tournefort la classe dans la troisième section de la quatorzième classe des fleurs radiées dont les semences n’ont ni aigrettes ni chapiteau de feuilles. Il l’appelle bellis sylvestris minor. Von-Linné la nomme bellis perennis, & la classe dans singénésie polygamie superflue.

Fleur ; radiée, composée de fleurons hermaphrodites dans le disque, & de demi-fleurons femelles à la circonférence ; le calice commun à toutes ces fleurs est presque rond, elles sont composées de plusieurs folioles disposées en deux rangs, égales&c en forme de lance.

Fruit ; toutes les semences sont solitaires, ovoïdes, aplaties, nues, renfermées dans le calice commun sur un réceptacle nu & conique.

Feuilles ; simples, très-entières, en forme de spatule ; celles des racines partent de leur collet, & celles des tiges les embrassent par leur base.

Racine ; fibreuse, rampante.

Port ; la tige est une hampe nue, au sommet de laquelle se trouve une seule fleur, haute de trois à quatre pouces : un seul pied fournit un grand nombre de fleurs.

Lieu ; les prés, les bords des bois, au pied des haies, &c. ; la plante est vivace & fleurit au premier printemps.

Propriétés. La racine a une saveur âcre, les feuilles inodores ont une saveur un peu salée. Les fleurs & les feuilles sont résolutives, détersives & vulnéraires : on se sert de leur décoction en gargarisme dans les ulcères scorbutiques de la bouche, afin de raffermir les gencives, & de répercuter les inflammations des amygdales & du voile du palais.