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qu’elles étoient dans la jeunesse, s’allongent, se durcissent, & s’ossifient en raison de leur prolongation & de leur endurcissement ; le jeu des muscles & des tendons est diminué au point que le vieillard semble marcher par ressort. Ce que cet endurcissement produit sur les muscles de l’homme, celui de l’aubier le produit à peu près de la même manière sur les canaux séveux. Leur diamètre est plus resserré, il monte peu de sève, très-fine & très-épurée a la vérité, & c’est pourquoi les fruits d’un arbre d’un certain âge, de la vigne &c., sont toujours beaucoup plus sucrés & meilleurs que ceux de l’arbre encore jeune : on doit encore ajouter qu’ils mûrissent plutôt.

De la petite quantité de sève qui monte à cause de l’oblitération, résulte le moindre prolongement des bourgeons, & il va toujours en diminuant ; enfin, l’aubier de ces mêmes bourgeons est presque totalement changé en bois parfait avant la fin de l’année.

L’expérience a démontré que les bourgeons, ceux même des espaliers, ne perçoient que très-difficilement sur le vieux bois ; il est donc clair que les boutons ou les yeux, une fois épuisés, il ne peut en naître d’autres que sur le bois nouveau ; dès-lors, arrive la suppression des rameaux inférieurs. D’ailleurs, le pêcher ne se feuille qu’à l’extérieur ; les feuilles forment une espèce de voûte & privent des bienfaits de l’air, les rameaux, les bourgeons & les boutons inférieurs. La séve de cet arbre a une tendance singulière à s’élever, & elle se porte avec impétuosité vers le sommet ; les rameaux inférieurs en dérobent quelque peu, mais successivement le supérieur affame l’inférieur, & celui-ci périt. Toutes ces causes séparées ou réunies, concourent à la prompte destruction de l’arbre. Si actuellement on ajoute les causes étrangères, on sera surpris que l’arbre subsiste encore si lon-temps.

Il existe en France très-peu de petits cantons, assez privilégiés pour n’être jamais exposés aux gelées tardives, ou du moins aux gelées blanches, un peu fortes, ainsi, ces exceptions ne détruisent point la loi générale que je vais établir. Toutes les fois que le pêcher est en fleur, s’il survient une gelée, non-seulement les fleurs périssent, mais la transpiration de l’arbre est interceptée, les bourgeons sont attaqués, & de toute nécessité ces boureons & l’arbre se couvrent de gomme. (Consultez ce mot & vous verrez combien la gomme est nuisible aux arbres.) Or, si les bourgeons de l’arbre à plein vent sont affectés par le froid, s’ils meurent tous, ou en partie, l’arbre est donc privé en proportion du mal, de la facilité de regarnir son sommet, puisque le vieux bois ne sauroit lui donner dans la suite de nouveaux bourgeons. Le terme de la végétation de cette branche est arrivé. La partie restante de ce bourgeon, chargée de gomme, souffrira, languira & périra insensiblement ; & si elle ne périt pas, elle poussera l’année d’après, des bourgeons si courts, que l’on n’y verra plus qu’un toupillon de feuilles pâles & ternes.

La cloque (consultez ce mot) est une des causes extérieures les plus communes de la mort des pêchers à plein vent. Chaque feuille est, en général, destinée par la nature à être la nourrice d’un bouton, ou à feuilles, ou