Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/549

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’entre pas dans de plus grands détails ; ils sont consignés au mot greffe.


CHAPITRE V.

De la plantation du pécher.


Si on n’étoit pas si pressé de jouir, je dirois à l’amateur : faites défoncer votre terrain à la profondeur de quatre pieds ; s’il est pauvre & maigre, enrichissez-le par des gazonnées de prairies, par des fumiers bien consommés, par des terres bien substantielles & qui aient du corps ; si ce terrain est trop compacte, ameublissez-le avec du sable, des plâtras, des balles de blé, d’orge, d’avoine, &c. ; enfin semez un noyau à la place que doit occuper l’arbre, & dans la fosse que vous lui destinez, & vous aurez un sujet que vous grefferez lorsqu’il en sera temps. Je réponds qu’à moins qu’il n’arrive quelques accidens, cet arbre sera très-beau. On aura perdu trois ou quatre ans à la vérité, mais combien n’en sera-t-on pas récompensé dans la suite ?

On ne fait jamais les fosses ni assez vastes, ni assez profondes, & la plupart des cultivateurs plantent leurs arbres sur l’espèce de plate-forme qui se trouve dans le fond ; il semble qu’ils craignent que les racines ne s’étendent trop profondément, & qu’ils croyent qu’elles n’ont pas besoin d’une terre bonifiée ou par le mélange d’autre terre ou par les débris des animaux & des végétaux. Plus le sol est mauvais ou compacte, & plus l’on doit approfondir, élargir les fossés &c. les ouvrir plusieurs mois d’avance, afin que leur fond, leur circonférence & la terre qu’on en a retirée., soient enrichis par l’effet des météores. (Consultez le mot Amendement) Si on a des engrais végétaux ou animaux, c’est le cas de les mélanger avec la terre à l’instant que l’on ouvre les fosses. Si on veut donner toute l’attention que la bonne culture du pêcher demande, on tournera & retournera plusieurs fois cette terre, afin qu’un plus grand nombre de ses parties soit exposé à l’action de la lumière & à l’air ; d’ailleurs les engrais se trouveront mieux combinés avec elle. On objectera que je multiplie la dépense : cela est vrai. Bien travailler, ne rien épargner, voilà la devise du bon cultivateur. Il sème pour mieux recueillir : il a grand soin de mettre de côté la terre de la superficie de la fosse, & de la placer ensuite dans le fond, parce que celle qui auparavant occupoit sa partie inférieure, deviendra, après la plantation, la couche supérieure, & sera ensuite assez bonifiée par la culture.

Sur une plantation de cent pieds de pêcher, & telle qu’on la pratique ordinairement, on compte, dans la première ou dans la seconde année, une perte au moins de dix sujets. Le nouvel achat qu’il faudra faire, l’ouverture de la fosse, la plantation d’un autre pied, ne coûteront-ils pas plus, n’occasionneront-ils pas une dépense plus forte que celle qu’on sacrifieroit au creusement des fosses larges & profondes, &c ? Donnez donc, s’il le faut, une profondeur de quatre à cinq pieds sur six à sept de largeur.

Si on a eu la précaution d’établir une pépinière chez foi, on est le maître d’avoir des arbres bien garnis de racines & de chevelus. En fouillant la terre, en la cernant tout autour, en suivant chaque mère-ra-