Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/811

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complettement formée par l’écorce ; j’ai vu l’écorce former un bourrelet qui s’annonçoit un peu dans la cavité, & représenter l’orifice de l’entonnoir, laissant un vide plus ou moins grand dans son milieu, & proportionné au diamètre de la plaie ; 1°. si l’humeur sanieuse qui creuse toujours en-dessous, se fait une ouverture dans une des parties extérieures du tronc, il arrive par fois que cette ouverture donne issue à la matière âcre, corrodant & sanieuse ; que lorsque l’arbre ne fournit plus cette substance destructive, toute la partie ligneuse se dessèche & reste desséchée Par le courant d’air qui la traverse. Ce cas est fort rare, mais il existe, & je m’en suis très-fort convaincu sur des oliviers. Ce n’est pas la marche ordinaire de ces sortes de caries, elles gagnent insensiblement du premier point de la plaie jusqu’au collet des racines, & même dans leur intérieur.

Il est rare que les arbres dont on abat les branches tous les trois ou quatre ans, tels que les saules, les peupliers, &c., ne soient pas attaqués de ces caries. On lit à l’article mûrier, le mécanisme qui les forme, les augmente & conduit l’arbre au dépérissement. Cependant le principe de ces ravages a été dans le commencement une plaie simple, un chicot qu’on a laissé, une taille faite à contre-temps, ou une plaie trop vaste qu’on a laissé exposée au contact immédiat de l’air. Si la médecine & la chirurgie ont multiplié à un nombre aussi inutile que souvent dangereux, les onguents, les emplâtres, &c., le jardinier ne doit pas imiter un semblable exemple, l’onguent de saint-Fiacre (consultez ce mot) doit seul, composer toute sa pharmacie ; une planche, une feuille de fer blanc, mis sur une large plaie, produiront le même effet, ainsi que toute espèce de terre, qui aura assez de liant pour former une masse qui préservera la plaie du contact de l’air, & qui s’opposera à la déperdition de la séve. Voilà le seul & unique pansement que le traitement de la plaie exige.

On ne peut pas douter de la formation de la carie à la suite d’une plaie simple, malheureusement le fait est trop connu, & il atteste à chaque instant l’ignorance ou la négligence de celui qui a taillé l’arbre ou amputé une grosse branche. L’extravasation de la sève par la plaie est moins sensible, il est vrai, mais elle n’en est pas moins réelle. Si on taille un pêcher pendant que la sève travaille, si on coupe une de ses grosses branches, ou si le vent le casse, on voit aussitôt la gomme se former. Qu’est-ce que cette gomme, sinon la partie mucilagineuse de la séve rendue concrète par l’évaporation du fluide qui la constituoit séve… Le sarment de la vigne cesse de pleurer dès que la séve est occupée à développer les yeux laissés par la taille, mais si dans ce moment on fait une nouvelle taille à l’extrémité du sarment, on voit alors les pleurs couler de nouveau. Dans la majeure partie des arbres, la séve n’a pas autant de consistance que dans les arbres à noyaux ; aussi l’humidité est dissipée par le courant d’air, à mesure qu’il afflue sur les bords de la plaie, & l’on a vu dans les articles mélèse, pin, &c. que les plaies faites à ces arbres donnent au lieu de gomme une résine. Sous quelques points de vue que l’on