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plique la greffe ; ce tronc grossit beaucoup, & ne s’élance pas. Enfin, le troisième avantage est de se fournir d’un grand nombre de racines, dont quelques-unes sont assez fortes pour dédommager un peu de la perte du pivot, (consultez ce mot) que les pépiniéristes ont grand soin d’abattre, & même qui deviendroit inutile par la manière désastreuse, dont ils, je ne dis pas, enlèvent les arbres de terre, mais les arrachent avec violence & les détruisent.

On lit dans le Journal économique du mois de juillet 1756, un fait dont je ne garantis nullement la vérité, & je prie les amateurs d’en répéter l’expérience. « Je ne sais si l’on peut imaginer quelque chose de plus curieux que de voir servir sur une table une poire, par exemple, moitié bon-chrétien d’été & moitié beurré. On se procure facilement ce plaisir en observant de mettre ensemble des fruits de la saison. Cette première précaution prise, On aura deux écussons de différentes poires ou de pommes dont les yeux sont bien bons. On fendra la peau du sauvageon sur lequel on se sera proposé de les enter, toutefois sans l’ouvrir, & l’on coupera la peau de chaque écusson tout près de l’œil, alors on les insinuera le plus promptement possible dans la fente que l’on aura faite au sauvageon, en sorte que les deux yeux se touchent, & qu’en s’unissant ils ne fassent plus qu’un seul jet ; ce que j’avance ici est commun à Rome.»

II. Culture. La plantation de cet arbre est la même que celle de l’abricotier, du cerisier, de l’amandier. (Consultez ces mots) Il se plaît dans les vallons, sur les hauteurs des pays tempérés & froids jusqu’à un certain point. Il réussit très-mal dans les expositions chaudes & dans nos provinces méridionales. Il aime les terres douces, légères, qui ont du fond, & sur-tout le pommier paradis qui languit & végète foiblement dans les terres fortes & argileuses. Le doucin ne s’y plaît pas beaucoup ; le franc y réussit un peu mieux, mais en total cette espèce de terre convient peu à ces pommiers ; ils s’y chargent de mousse, de lichens, de plantes parasites qui annoncent leur état de souffrance, & qui en profitent.

La meilleure manière de préparer les semis est de laisser pourrir les pommes & d’en séparer les pépins, parce que, je ne cesserai de le répéter, la chair du fruit est la nourriture de la semence. (Consultez le mot Poirier & ce qui a déja été dit à l’article des autres arbres fruitiers.) Quant au doucin & au paradis, la meilleure manière de les multiplier, c’est par les drageons qu’ils poussent du collet des racines & au dessous de la greffe, & qui nuisent beaucoup à l’arbre si on ne les en sépare pas.

Tous les semis exigent une terre douce, substancielle, ayant au moins un pied franc de profondeur & rigoureusement sarclés de mauvaises herbes. L’opération sera facile, si le pépin a été semé par raies & non à la volée comme on le pratique ordinairement. En suivant cette méthode, & en espaçant les sillons de six pouces on serfouit sans peine la terre deux ou trois fois dans la saison, sans mire aux racines, & ces petits labours favorisent singulièrement la végétation.. Au mois de novembre suivant, on ouvre