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des fruits sauvages. Les premiers sont en tous points préférables aux derniers, dont le fruit conserve toujours un peu de sa première rudesse. Si on prend la peine de relire l’article espèce, on verra qu’on perfectionne les fruits par les semis ; mais la graine doit être choisie parmi les espèces reconnues les meilleures ; cependant, on ne parviendra jamais au point de perfectionnement, à moins qu’un heureux hasard ne produise d’un seul jet une bonne qualité de poire, de pomme, &c. ; c’est à la greffe à la perpétuer & à lui donner successivement son dernier degré de perfection.

Le doucin, variété du pommier franc, s’élève moins haut que le premier ; il est plus foible & dure moins. Il est consacré aux arbres en espalier & à mi-vent ; il se multiplie par les boutures & par les drageons.

Le paradis, beaucoup plus foible que le second, dont il est une variété, forme l’arbre vraiment nain ; & le paradis appelé de Hollande, est le plus petit de tous les arbres à fruits après le pêcher nain ; on le multiplie également par marcottes, drageons & boutures.

Le franc & le sauvageon ont été jusqu’à ce jour destinés à former les pommiers à plein vent.

Le doucin sert également pour le plein vent, mais il est moins beau, moins fort que le premier ; son emploi le plus fréquent est pour les mi-vents, l’espalier & le buisson ou gobelet. (Consultez ces mots)

Le paradis fournit les arbres d’espalier très-bas, & les petits nains, dont on forme des massifs, des quinconces, des bordures ; enfin, que l’on cultive dans des pots. On ne greffe, communément sur les paradis, que les calvilles blanches & rouges, les reinettes, l’api, le rambour, &c. ; les fruits qui en résultent sont beaucoup plus gros que ceux qui ont été greffés sur doucin & sur franc ; ces petits arbres se mettent promptement à fruit, & vivent beaucoup moins long-temps que les premiers. On peut, en général, fixer leur durée à dix ans, après quoi il faut les renouveler.

Ces trois différentes espèces de pommiers sont susceptibles de recevoir toutes les greffés connues, sur-tout les deux premières ; celle en écusson est généralement la plus employée.

La manière & le temps de greffer sont communs à tous les arbres fruitiers ; ainsi consultez le mot Greffe.

Dans les environs de Paris, on a la coutume de greffer sur franc les arbres destinés au plein vent, ainsi que sur doucin, après que le tronc a pris une consistance convenable ; alors on abat sa tête à la hauteur de six pieds, & on greffe ensuite sur ses nouvelles poulies. Cette méthode est peu connue dans la majeure partie de nos provinces, & on a tort de ne pas l’admettre ; par ce moyen on ne craint plus l’ignorance ou le préjugé des planteurs d’arbres, qui croient bien faire en enterrant la greffe lors de la plantation de l’arbre. Le seul accident à redouter pour ces greffes faites en tête, sont les coups de vents, qui, parfois, en abattent quelques-unes ; mais comme on place plusieurs greffes sur un même pied, si l’une périt, l’autre la supplée.

Le second avantage de ce placement de greffe est de forcer le tronc à grossir, après qu’on lui a coupé la tête, & pendant la première année qu’il pousse de nouveaux bourgeons, & pendant la seconde qu’on lui ap-