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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/321

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pendant la nuit ; tel est le bec de grue nommé géranium triste.

Les plantes aqueuses, marécageuses, ont moins de pores & par conséquent moins de transpiration que les plantes qui végètent dans des terrains secs & dans des climats chauds. Le persil, le céleri sont des poisons lorsqu’ils végètent dans leur pays natal, c’est-à-dire, dans l’eau ; mais transportés dans nos jardins, ils perdent par la transpiration leur qualité vénéneuse, & leur transpiration aromatique devient si forte, qu’en Languedoc & en Provence, on sent à plus de vingt pas l’odeur du céleri. Aussi voit-on que dans les pays très-chauds naissent les plantes & les arbres les plus odoriférans, mais que ces plantes, comme les thims, les romarins, les lavandes, qui sont naturels à nos provinces méridionales, perdent beaucoup de leurs odeurs lorsqu’elles sont transportées dans les provinces septentrionales, le froid, le peu de chaleur y resserre leurs pores, & diminue leurs sécrétions odoriférantes.

Ce qu’on vient de dire des odeurs, s’applique également à la saveur des fruits. Tout arbre à plein vent donne, en général, des fruits bien plus savoureux que les arbres, en espalier ; il en est de même des grains des pays élevés ; ils sont plus farineux & plus nourrissons. Si au contraire on diminue la transpiration des céleri, des cardons, des chicorées, en les enterrant, ils perdent l’amertume & l’odeur forte que la grande transpiration entretenoit. Les pores jouent donc un grand rôle dans l’économie végétale & animale, & on peut les regarder comme les issues infiniment petites d’autant de vaisseaux particuliers.


PORREAU. (voyez Poireau)


PORT D’UNE PLANTE. Désigné par ces mots, facies propria, habitus plantæ. Il consiste dans la conformation générale d’une plante considérée suivant le résultat & l’ensemble de toutes ses parties, dans leur position, dans leur accroissement, dans leurs grandeurs respectives & dans tous autres rapports qui les rapprochent ou les différencient entre elles. On peut les comparer à la physionomie qui résulte de toutes les modifications des traits du visage. Ce caractère que l’œil de l’observateur parvient bientôt à discerner, & que la mémoire rappelle plus facilement que l’esprit ne la définit, n’a guère été employé que pour distinguer des espèces, & sur-tout des espèces jardinières, (consultez ce mot) qu’il est impossible de définir avec exactitude, attendu les nuances peu sensibles qui les différencient ; & que par l’habitude de voir, le jardinier, le fleuriste & le pépiniériste, distinguent facilement au premier coup d’œil. J’ai voulu plusieurs fois leur demander en quoi consistoient les caractères distinctifs au moyen desquels ils ne se trompoient pas, & je n’ai jamais eu d’autre réponse, sinon, que c’est telle espèce de laitue, de pommes, de poires, &. Sans cette habitude de juger par le facies propria, il faudroit que le pépiniériste attendît la présence du fruit sur l’arbre lorsqu’il voudroit vendre telle ou telle espèce.


POTAGER. Espace de terrain, près de l’habitation, consacré à la culture des herbages & des légumes ;