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de 45 degrés, & relativement à la mère branche d’où ils partent, & qui doit elle-même être disposée sur ce même angle de 45 degrés. Les propriétaires veulent trop tôt jouir, les pépiniéristes trop tôt vendre leurs arbres. Voilà l’origine première de tout rabaissement.


RABATTRE. C’est unir la terre qui a été billonnée. (Consultez le mot Billon) On peut, quant à la conduite des arbres, appliquer au mot rabattre, ce qui a été dit ci-dessus.


RABOUGRI. Mot qui désigne des arbres souffrans, mal venans, qui languissent & ne profitent pas. Plusieurs causes concourent au rabougrissement de l’arbre, & on peut dire en général, que toutes viennent de l’extérieur.

Les racines des fruits à noyaux sont sujettes à être attaquées par des insectes. La blessure qu’ils leur sont occasionne des loupes, (consultez ce mot ainsi que celui Amandier) ces loupes grossissent, se multiplient en raison des blessures, & leur accroissement absorbe une grande partie de la séve à mesure qu’elle descend des branches aux racines, & vicie l’autre partie qui rentre dans le torrent de la circulation. Aussi tout amandier, abricotier, prunier & pêcher, dont les racines sont infestées de loupes, rabougrissent plus ou moins vite en raison de la multiplicité & du volume de ces loupes.

Je crois avoir observé plusieurs fois que la terre qui environne ces loupes, ces excroissances spongieuses, est beaucoup plus fraîche, plus mouillée que celle qui environne les racines.

Dans ce cas, il ne seroit pas surprenant que ces excroissances fussent autant de canaux par lesquels la séve s’échapperoit au dehors. Au surplus, je ne présente cette assertion que comme une conjecture qu’il est bon de vérifier de nouveau. Le seul remède consiste à supprimer les racines attaquées, & à donner un bouillon à l’arbre, c’est-à-dire un bon arrosement d’eau de fumier.

La larve ou ver du hanneton, (consultez ce mot) ainsi que celle du moine ou rhinocéros, attaquent souvent les racines & s’insinuent dans leur intérieur, où elles rongent la partie ligneuse & tendre ; un arbre ainsi attaqué devient rabougri. Creuser au pied de l’arbre, découvrir les racines avec précaution, tuer l’insecte, boucher son logement avec de l’argile bien pétrie, reboucher la fosse & arroser comme ci-dessus, voilà le remède.

Un coup de soleil qui survient après une pluie, dessèche souvent une partie du tronc qui est exposé à son activité ; dès-lors le cours ordinaire de la séve est ralenti & suspendu dans cette partie par l’oblitération des canaux. La séve montoit auparavant, par exemple, avec une force comme 10, mais la moitié de ses canaux est obstruée, elle ne peut dent plus monter qu’avec une force comme cinq, & par conséquent diminuer de moitié la nourriture de la partie supérieure ; mais la séve qui étoit dans cette partie supérieure, ne pouvant toute redescendre aux racines, abstraction faite de celle qui s’échappoit par la transpiration, cette séve stagnante vicie celle qui monte, & dès-lors celle qui descend pendant la nuit est également viciée, jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli entre la séve ascendante & la séve descendante ;