Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/573

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de chevelus ou de pores absorbans, y rencontre un levain, & ce levain agit sur la totalité de la séve, comme notre salive agit sur la totalité de nos alimens. C’est ce levain qui rend la séve ou vénéneuse ou douce dans son principe, & qui permet à sa totalité de s’assimiler à la nature de la plante entière, après avoir éprouvé une multitude de filtrations par les canaux séveux, & de sécrétions par les feuilles, le tronc & même par les racines. Les racines sont donc aux plantes ce que la bouche est à l’homme & aux animaux ; & le levain qu’elles présentent à la séve, ce que la salive est aux alimens ; les canaux séveux ce qu’est l’estomac ou les différens sucs sont élaborés & séparés ; enfin la sécrétion des plantes remplit la même fonction que les intestins. À peine sur dix livres d’alimens que l’homme prend, une demi-once se convertit en sa propre substance ; il en est ainsi de la séve & de ses principes pour les plantes & pour les arbres.

D’après ce qui a été dit dans cet article, on doit conclure, 1o. que toutes les racines bulbeuses ou oignons aiment les terres légères, douces, friables & sèches ; que le plus grand ennemi des oignons quelconques est l’humidité, parce que leur tissu est spongieux, qu’il attire puissamment l’humidité de l’air, au point que quelques espèces n’ont pas besoin du secours de la terre pour végéter, fleurir & grainer ; & chacun a vu les oignons de potager, ceux de hyacinthe, de tulipe, commencer leur végétation par le secours de l’air. Les sols forts, tenaces, argileux, &c. ne conviennent pas à leur culture, parce qu’en général les racines des b issus sont foibles, &, pour ainsi dire, sans nerf ; cette mollesse s’oppose à leur accroissement dans de semblables terrains. (Consultez l’article Oignon la culture dans les environs de la mer.)

2o. Les racines tubéreuse, semblables aux pommes de terre, craignent la trop grande humidité ; comme elles sont chargées d’un grand nombre de racines fibreuses & assez fortes, elles exigent une terre bien travaillée & bien fumée ; elles effritent beaucoup la terre : c’est par l’abondance des engrais qu’on répare ce défaut, ou bien en enterrant leurs tiges & leurs feuilles, qui rendent plus à la terre qu’elles n’en ont reçu… Les tubéreuses, dans le genre des anemones, craignent également la trop grande humidité ; mais les tubéreuses en manière de griffes, comme les renoncules, demandent beaucoup d’eau, & la plupart sont originaires des marais.

3o. Les fibreuses proprement dites, telles que celles du froment & du seigle, aiment la terre bien remuée à 6 ou 8 pouces de profondeur, & suivant la manière d’être des saisons & la qualité de la terre, la plante devient plus ou moins productive. Plus une plante a de racines proprement dites fibreuses, & plus elle absorbe de sucs. Le tournesol en est un exemple frappant, aussi la terre dans laquelle ses racines s’étendent, même la terre forte, devient friable & n’a plus de consistance. Les racines en forme de navet & de raves sont peu fibreuses, c’est pourquoi elles effritent peu la terre, & l’enrichissent beaucoup si on a le loin de les enfouir