Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/629

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l’hiver ; c’est-à-dire, aussitôt que l’eau surabondante de l’hiver se sera infiltrée dans l’intérieur de la terre, ou évaporée, en un mot, lorsque la terre ne sera plus gâcheuse, c’est le cas de labourer de nouveau, de croiser & de recroiser, de passer légèrement la herse (consultez ce mot). Lorsqu’on ne craint plus les gelées on sème sur le champ ainsi préparé, les raves & les navets, & on sème la graine fort dru, parce qu’il ne s’agit pas ici d’avoir des raves ou des navets pour la nourriture de l’homme & du bétail, mais de l’herbe qui doit être enfouie & servir d’engrais ; aussitôt après, on herse a plusieurs reprises & on a grand soin d’attacher quelques fagots derrière la herse, afin que chaque graine soit enterrée ; toutes celles qui restent sur la surface sont dévorées par les oiseaux à bec court qui en sont très friands, ainsi que les pigeons. Lorsque la graine est enterrée trop profondément, elle ne germe pas ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il falloit herser légèrement avant de semer. Quelques anglois font passer & repasser un troupeau de moutons sur le champ nouvellement semé ; on est sûr alors que toute la graine sera enfouie. Cette opération ne doit avoir lieu que lorsque le champ est peu humide, sans quoi le piétinement réduiroit la superficie en croûte qui durciroit beaucoup si le sol est tenace, & si la chaleur & la sécheresse le surprenoient dans cet état. Les raves ainsi semées détruisent complettement les mauvaises herbes qui poussent dans le champ ; elles les étouffent par leur ombre. 4°. Du moment que la plante commence à être en fleur, on l’enterre par un fort coup de charrue ; ce qui n’a pas été enterré est livré au troupeau qu’on ne doit conduire dans le champ que lorsqu’il fait sec ; son piétinement redoublé durciroit trop la terre & nuiroit aux labourages postérieurs. On est assuré en pratiquant tous les deux ans cette méthode, 1°. que la récolte des grains qui suivra celle du semis des raves & des navets, sera très-belle, toutes circonstances égales ; 2°. qu’en perpétuant cette alternative de raves & de grains, on parviendra à changer la nature, du sol, & un champ maigre sera peu à peu converti en un champ ; très-productif.

Les terrains forts, tenaces, argileux conviennent peu aux raves & aux navets, à moins qu’ils n’aient été profondément labourés, ou que des pluies salutaires ne permettent à leurs racines de pivoter ; ils deviennent prodigieux en grosseur & longueur dans les terres douces & substantielles, & très-beaux dans les terres sablonneuses, un peu humides & nourries d’abord par les engrais.


§. II, De la culture des raves & navets, relativement à la nourriture de t homme & du bétail,

Aussitôt après la récolte des blés hivernaux, on se hâte de labourer une ou deux fois pour semer des raves & navets. La culture de ces racines est trop négligée, si on considère leurs avantages. Après la récolte des grains, plus ou moins avancée, ou retardée suivant les climats, la terre est ordinairement sèche & on la laboure mal, sur tout avec les petites charrues qui ne font que l’égra-