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conservation dépend également du sol, des soins dans la culture & du climat ; que fi l’un des trois varie, l’espèce dégénère ; elle dégénère également par le mélange des étamines lorsque plusieurs de ces sortes de plantes sont en fleur.

L’industrie a toujours l’œil ouvert dans les lieux où l’argent circule avec abondance, & cette industrie est presque la seule ressource du malheu reux. Il échange ses soins, ses travaux & sa patience contre cet argent, dont il a un si grand besoin pour vivre ; mais dans les pays pauvres l’industrie est moins active, parce qu’elle y seroit superflue, & on ne pourroit y payer ses produits au prix qu’ils méritent. De cette diversité de circulation sont nées deux cultures différentes pour les radis & pour les raiforts, Vulgairement nommés petite raves.

1. De la culture de luxe. Comme je n’ai jamais été dans le cas de la suivre, j’emprunte de l’ouvrage intitulé, École du jardin potager, ce qui la concerne ; ce qu’on y dit des raiforts qui y sont appelés raves s’applique également aux radis.

« Pour avoir la rave dans le degré de perfection qu’elle demande, c’est-à-dire, pour qu’elle soit tendre, douce & cassante, unie, droite & bien rouge, il n’y a que la couche qui puisse la rendre telle, & c’est aussi de ce côté là que nos marêchers[1] tournent tous leurs soins. Ils préparent leurs premières couches (consultez ce mot) dès la Toussaint pour celles qui doivent commencer l’année au mois de janvier suivant. Ils donnent à ces premières couches deux pieds seulement de hauteur, & les chargent de huit à neuf pouces de terreau ; ils leur font perdre presque toute leur chaleur avant que de semer, en sorte que la couche ne soit plus que tiède ; car la rave vient couverte de petits filamens, quand elle est plus chaude que je ne dis & c’est un grand défaut. »

« Pour la distribution de la semence, voici leur méthode : les uns après avoir marqué la place de leurs cloches sur le terreau, font des trous avec le doigt dans toute la place à deux pouces de distance en tout sens, & jettent trois graines dans chaque trou, où ils font couler un peu de terreau avec le doigt pour les couvrir simplement. S’il en échappe davantage, ils les arrachent après qu’elles sont levées, & chauffent en même-temps celles qui doivent rester : d’autres, pour avoir plutôt fait, sèment à la volée, remuent le terreau pour enterrer la graine, & quand elle est levée ils arrachent ce qu’il y a de trop. La première façon est la meilleure ; le navet vient plus long & plus droit ».

« Au reste, les uns & les autres laissent les couches à l’air jusqu’à ce que toute la graine soit levée, & pour lors ils mettent les cloches de verre pendant les nuits seulement & les jours fâcheux, laissant toujours le plant découvert autant que le temps le permet… S’il survient des gelées, ils couvrent les cloches avec de la lisière ; quand on a des paillassons la sûreté est encore plus grande. Ils sont particulièrement né-

  1. À Paris, & dans ses environs, on appelle Marais le terrain destiné à la culture des plantes potagères, & marêchers ceux qui les cultivent.