Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/707

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livides, pâles & décharnés de ses habitans. Mais ce n’est pas répondre à l’assertion de M. Hall. Les rizières & les lieux marécageux ne valent pas mieux les uns que les autres pour la santé de l’homme. Sous un gouvernement sage, qui compte pour beaucoup la santé des habitans, les terrains marécageux doivent être desséchés, à moins que les dépenses ne soient excessives ; & quand même elles seroint considérables, il trouvera, toutes les fois qu’il le voudra, des compagnies qui se chargeront du dessèchement, s’il est bien prouvé que le sol soit susceptible de culture. Ce que des particuliers ont exécuté près de Dunkerque prouve mon assertion. En général, presque tous les endroits marécageux du royaume appartiennent à des communautés & sont communaux, c’est par cela même qu’ils sont marécageux (consultez ce mot) ; il vaut beaucoup mieux qu’il sorte chaque année une certaine somme d’argent du royaume, en échange du ris qui s’y consomme, que de sacrifier la santé des habitans d’une province entière. On auroit beau établir la loi de ne semer le ris qu’à la distance d’une lieue des villes, cette distance n’est pas suffisante. L’expérience ne prouve que trop souvent que les exhalaisons des marais & des étangs de la Sologne, s’étendent jusqu’à Blois, jusqu’à Orléans, & y portent le fléau des fièvres. Bientôt la ville de Frontignan sera déserte ; les Capucins l’ont déja abandonnée.

VIII. Des qualités nutritives & médicinales du ris. Ce grain est très-nutritif. Plusieurs nations en font un pain qu’elles trouvent aussi agréable au goût & aussi avantageux pour la santé que le pain de froment. Les semences de ris en décoction tempèrent la soif, la chaleur du corps & l’ardeur des urines. Elles constipent légèrement & pèsent quelquefois sur l’estomac. Elles développent beaucoup d’air ; elles tendent avec assez de promptitude vers l’acide : elles sont rarement utiles aux enfans, aux personnes délicates qui mènent une vie sédentaire, aux mélancoliques. La crème de ris, nourriture légère, rafraîchissante & agréable, convient dans plusieurs espèces de maladies, comme dans la toux essentielle, la toux convulsive, l’hémoptysie par la toux ou par un effort ; la diarrhée causée par des médicamens âcres ou par des poisons ; sur la fin de la dyssenterie bénigne & des maladies aiguës, lorsqu’il n’existe ni météorisme ni humeurs acides dans, les premières voies, ni vomissemens ni douleur extrêmement vive dans la région épigastrique… Sous forme de cataplasme, plusieurs praticiens préfèrent le cataplasme de ris au cataplasme de mie de pain, dans l’inflammation des mamelles, dans celles des glandes des aisselles, lorsqu’elles sont accompagnées d’une grande dureté de douleur, & de chaleur.

De la culture du ris sec.

Depuis un certain nombre d’années, on ne cesse de parler de cette culture & de la nécessité de l’établir en France.. Il est constant qu’elle mériteroit la préférence sur celle du ris ordinaire, puisqu’elle ne nuiroit pas à la santé des habitans. Le point de la question est de savoir si le climat de France conviendroit à cette plante. C’est au temps & à l’expérience à le prouver. Voici ce qu’on lit à son sujet dans