ou couches corticales, longitudinales, s’étend du bout de la racine au haut de la tige : ces plans s’écartent entre eux pour laisser passer les queues, ou pétioles des feuilles.
Les fibres longitudinales de cette écorce sont très-contiguës latéralement ; elles le sont aussi dans leurs épaisseurs, ou couches corticales, & toutes sont recouvertes par une autre membrane mince & transparente, qui est l’épiderme.
Cette épiderme est bien transparente sur la plante jeune, & dans son état herbacé ; mais elle disparoît dans sa virilité. Alors elle se colle, ou adhère intimement à l’écorce dont il est question. Elle est une collection, un ruban sans trame, composé de fibres flexibles, très déliées & foibles, chacune séparément ; rompant avec peine dans la largeur de l’écorce, & se divisant sur leur longueur avec une grande facilité. Il faut un peu plus d’attention pour voir ou séparer les différens plans ou couches de ces fibrilles. Telles sont les substances & leur manière d’être qui se présentent à la vue de l’observateur.
Beaucoup d’écorces de plantes d’arbustes peuvent servir à faire de la filasse, & être réduites en papier ; mais soit que ces plantes soient moins faciles à cultiver, soit habitude, soit, ce qui est plus vraisemblable, que leur filasse n’en soit pas aussi bonne, elles n’ont pas été mises en usage. Les essais que l’on a faits en différens temps de plusieurs espèces de lianes, de l’apocin, du houblon, du jonc d’eau, du roseau, du spart, de l’abaca, du rafia, de la pitte, du bangi, du lierre en arbre, des orties, du papyrus, du bouleau, du tilleul, du palmier, du topinambour, du cocotier, du bananier, &c, ont prouvé la supériorité du chanvre & du lin ; l’écorce qui se rapproche le plus de la leur, est celle du genêt, & sur-tout celle de la pitte & du ko des Chinois.
L’utilité & l’emploi de l’écorce, relativement à l’économie des végétaux, n’est pas du ressort de ce Mémoire. MM. Spalanzzani, Malphigi, Duhamel, Bonnet, de la Boisse, s’en sont occupés avec succès ; on peut consulter leurs ouvrages & le mot écorce.
Le point essentiel dont je dois m’occuper, est de démontrer que le but du rouissage est de rompre la cohésion des fibres, qui par leur réunion constituent l’écorce du chanvre. Cette cohésion se fait par l’intermède d’une colle ou gluten, & forme dans le végétal vivant un parenchyme, ou substance, ordinairement verte & organisée, appelée tissu cellulaire ou réticulaire, à cause de l’assemblage de ses rézeaux, reticulare opus, qui lie chaque fibrille, & chaque faisceau de fibres entre eux, dont les mailles ou petits interstices sont plus étroites du côté du bois, que de celui de l’épiderme ; elles semblent aussi, par le dehors, prendre un des principes de leur existence, de la lumière qui les colore.
Les plantes étiolées sont peu colorées ; mais dans le végétal annuel, mort ou mûr, ce qui est la même chose, cette substance, ou gluten, n’a plus aucune fonction à remplir ; elle le dessèche, se durcit, augmente la cohésion de la fibre qu’elle engaine ou enveloppe, au point qu’une écorce sèche est cassée, brisée presque aussi facilement dans tous les sens.