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rares, c’est presque un travail perdu que celui de passer sans cesse la galère sur les allées ; il vaut mieux conserver leur croûte une fois formée, mais dès qu’il y paroît une plante, l’enlever avec la pointe du couteau, & presser avec le talon la terre du petit creux qu’on vient de faire. Dans les provinces pluvieuses il convient de multiplier le sable sur les allées, & encore mieux la chaux éteinte, ainsi qu’il a été dit. Plusieurs propriétaires veulent que la terre de leur allée ait toujours l’air d’avoir été fraîchement remuée ; alors, tous les deux jours, & même souvent chaque jour, dès que l’on a marché sur le sol, il faut passer la galère & le râteau. C’est un moyen assuré de n’avoir point d’herbes, d’offrir un joli coup-d’œil ; mais il faut être grand seigneur pour avoir les moyens d’entretenir pendant toute l’année un jardinier & un cheval uniquement occupés à promener une galère.


SABLONNEUX. (Terrain) Celui où le sable domine. C’est la quantité de sable qui détermine le point de sa fécondité, ainsi que la qualité de ce sable ; (voyez le mot Sable) mais les terrains uniquement composés de sables secs & purs, sont complètement nuls pour la végétation ; tel est en général celui des Dunes, qu’on peut appeler sable mouvant, parce que n’ayant point de lien, le vent l’enlève couche par couche & lui fait changer de place. Il est bien difficile qu’un sable formé, par exemple, par les débris du grès, devienne fertile, il est trop sec & ne se décompose pas. Cependant à la longue, dans les cantons pluvieux seulement, à force d’y semer de la graine de différentes herbes & arbustes, il s’y formera un peu de terre végétale, & petit à petit le sol prendra de la consistance. Heureux sera le propriétaire, si la graine des ajoncs ou autres arbustes & arbrisseaux, & des pins de Bordeaux, peut y germer & s’y soutenir pendant la première année ; leurs racines pivotantes iront chercher la fraîcheur & l’humidité, à une profondeur convenable. Je préférerois les pins de Bordeaux à tout autre arbre ou arbuste : une fois maîtres du terrain, ils formeront une forêt très-utile. La difficulté est dans la conservation de la petite plante pendant la première année.

Les terrains où le sable est moins abondant & plus mélangé avec une terre quelconque, mais non pas en proportion suffisante avec cette dernière, demandent à être labourés profondément, sur-tout pour le dernier labour avant les semailles. Comme le grand défaut de ce sol est d’être trop meuble, trop délié, le seigle, par exemple, y germera & percera avec facilité la couche qui le recouvre, afin de mettre à l’air ses premières pousses. Il en résultera que sa première racine, qui est toujours pivotante, plongera profondément, sera par la suite plus à l’abri des impressions des fortes chaleurs, & par conséquent la plante craindra moins les effets de la chaleur & de la sécheresse. Le grand défaut de ces champs est d’être trop perméables aux eaux de pluie, de ne pas assez retenir l’eau, & de laisser trop facilement évaporer l’humidité par sa superficie ; on le corrige par le transport des terres franches, & les frais de ce transport excèdent souvent la valeur du champ. Ces grands correctifs si van-