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mis soient hâtifs, parce qu’on peut plutôt commencer les replantations ; alors la plante profite des grosses chaleurs de l’été & acquiert de la qualité. Si les plançons sont trop tendres ou trop forts, leur reprise est plus difficile. Communément on saisit le point où la plante est garnie de quelques feuilles, & haute environ de deux à trois pouces hors de terre. C’est à-peu-près en mai que l’on replante ; époque à laquelle on ne craint ordinairement plus les gelées tardives. La veille ou l’avant-veille de lever les plançons, on donne une forte mouillure qui serre la terre contre les racines. Lorsqu’on lève les semis, on commence par un bout de la couche, & toujours attenant jusqu’à l’autre extrémité. Il faut se servir de la houlette, & encore mieux d’un petit piochon avec lequel on fait tomber la terre du bord sur une profondeur de six pouces, ce qui facilite les moyens de creuser au-dessous des racines, & d’enlever rang par rang les plantes, sans briser aucunes des racines, objet des plus importans. On les range ainsi dans des baies plates, en leur conservant la terre qui est restée adhérente aux racines. Le tout est recouvert d’une toile ou avec de la paille, & porté sur le sol destiné à recevoir les plantes.

Ce terrein est préparé à l’avance comme celui d’une chenevière ou d’une linière, (consultez le» mots chanvre, lin, ) c’est-à-dire, qu’il doit être bien émietté & bien fumé. Plus le sol est substantiel & divisé, & plus les feuilles du tabac acquièrent de grandeur. Les champs exigent plusieurs labours. Ceux faits avant l’hiver, sont les meilleurs ; & c’est à cette époque que je conseille de jeter le fumier. Je dis les meilleurs, parce que les fortes gelées divisent plus les molécules de la terre que ne le feroient dix labours à la charrue ; parce que les pluie d’hiver ont le temps de délayer les principes du fumier, de les amalgamer avec la terre, enfin, de favoriser leurs recombinaisons lors du renouvellement de la chaleur au printems. (Consultez les articles amendemens, engrais, &c.). Tous les labours faits depuis la fin de l’hiver jusqu’au moment de la transplantation, doivent être suivis d’un ou de plusieurs hersages qui diviseront & détruiront les mottes de terre. Règle générale, plus la terre est rendue meuble & plus la plante profite, parce que ses racines sont chevelues, & les racines chevelues ne s’étendent & ne s’allongent avec facilité, qu’en raison du peu de compacité du sol. C’est la nature du terrain qui indique l’espèce de fumier qui lui convient. (Consultez cet article) Un ou deux labours à la bêche, après l’hiver, vaudront mieux que les labours.

On laboure par sillons : la charrue est à large & long versoir. En allant d’un bout du champ à l’autre, elle jette la terre d’un côté ; revenant de ce côté à l’autre bout, elle relève la terre contre la première, & forme ce que l’on appelle un petit ados, un billon. (Consultez ces mots) Lorsque le champ est ainsi préparé, on plante sur ces ados ; chaque pied est espacé de son voisin de deux pieds & demi à trois pieds, & en échiquier, en raison des sillons voisins. Le trou est fait à l’aide d’un plantoir, & le plançon y est doucement descendu avec ses racines jusqu’à l’en-