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sieurs couches de cet enduit ; quant à l’enduit intérieur, il demande à être étendu sur toute la surface & tout dans le même jour. L’ouvrier, en montant les murs, en plaçant les briques dans le bain de mortier, aura soin de laisser des vuides sur toute la face intérieure, afin que l’enduit général les pénètre, y fasse prise & y trouve des points d’appui. Pendant tout le temps que ce mortier est frais, l’ouvrier passe & repasse fortement sa truelle, afin d’empêcher la formation des gerçures, & les réunir s’il s’en est formées ; mais chaque fois, & à mesure qu’il recommence, il humecte un peu les parois avec de l’eau qu’il étend au moyen d’un gros pinceau à poils, les balais jetant trop d’eau à la fois & trop à la même place. Si l’ouvrier apperçoit le plus léger vestige de charbon mêlé avec la chaux, il faut rigoureusement l’enlever, parce qu’il feroit éclater l’enduit lors de sa dessiccation. Sur cette première couche, quand elle est presque sèche, on en passe une seconde très-mince, & que l’on serre avec la truelle autant de fois que le besoin l’exige, & jusqu’à siccité.

Si sur ce mortier ou enduit, & avant de l’employer, en quantité supposée devoir remplir cinquante bennes ou auges, on jette une pinte ou deux d’une huile quelconque ; si on broie le tout ensemble, l’enduit deviendra plus fort, plus tenace, plus consistant. J’en ai l’expérience ; il ne faut pas oublier que l’enduit doit être employé encore chaud ; ainsi l’ouvrier ne fusera la chaux qu’autant qu’il pourra en employer dans la matinée ; un autre ouvrier la fusera pour l’après-midi & reprendra sa place, parce qu’il ne faut aucun intervalle depuis que l’on commence à enduire, jusqu’à ce que toute l’opération soit finie.

Je ne conseille aucunement l’usage de ces foudres en briques, si on n’a pas d’excellente chaux, & si on n’est pas assuré de la bonne qualité & préparation de l’enduit, parce que si l’enduit se détache dans l’intérieur, la brique reste à nu, l’acide du vin la corrode petit à petit, la dissout, enfin le vin s’échappe au dehors.

En béton. Consultez cet article dans lequel est décrit le procédé pour le faire ; consultez également les articles cuves, citernes, foudres ; il est donc inutile de répéter ici les manipulations qu’il exige ; mais il est essentiel de présenter la forme des moules dans lesquels on doit le couler.

Avant de préparer le béton, le moule du foudre sera dressé & mis en place ; il doit porter sur un massif de maçonnerie, au moins de trois pieds de hauteur & même plus ; si l’usage du pays est de se servir de tonneaux, par exemple, de la contenance de six cents bouteilles, cet exhaussement facilitera le soutirage des vins, parce qu’on n’aura qu’à approcher le tonneau dessous la cannelle du foudre, placer l’entonnoir & ouvrir le robinet. Ce massif doit être construit plusieurs mois à l’avance, & le mortier avoir fait sa prise avant de commencer à bâtir en béton. Si la hauteur de la voûte de la cave ne permet pas de donner à ce massif & au foudre toute la hauteur que l’on désire, on peut creuser & ouvrir le quarré à la profondeur nécessaire ; cette excavation économisera la charpente du moule pour la partie extérieure & enterrée.

Les grands propriétaires de vi-