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TREILLAGE, TREILLE. C’est un assemblage de perches, ou échalas, ou courans, posés & liés l’un sur l’autre par petits quarrés, pour faire des berceaux, des palissades ou des espaliers dans les jardins. Il y en a aussi qui sont formés par des barreaux de fer. Leur destination première a été de supporter des ceps de vigne ; ensuite on s’en est servi pour couvrir les murs, & attacher les branches des arbres tenus en espaliers. Le luxe a bientôt renchéri sur ces premiers objets d’une utilité productive. On a formé avec ces treillages dans les jardins d’agrément, des arceaux, des galeries, des portiques, des colonnades, &c. excessivement coûteuses par la main-d’œuvre, & de courte durée.

Les cultivateurs qui ne peuvent pas palisser à la loque leurs arbres en espaliers, appliqués contre un mur en bonne maçonnerie, feront très-bien d’employer les treillages en bois de chêne bien choisi. Chaque morceau de treillage doit être extrêmement sec, & avoir un pouce d’épaisseur, scrupuleusement dépouillé de tout son aubier. (Consultez ce mot) À tous les points de réunion, les deux morceaux de bois seront entaillés à six lignes de profondeur, sur un pouce d’étendue. Plus la coupe sera juste & bien faite, & plus tard le treillage sera détérioré par les injures du temps. Chaque point de réunion sera maintenu par une cheville en bois de chêne, fixée dans le milieu, & garnie de colle-forte ; ensuite un fil de fer, qui passera par les quatre coins, sera fortement serré, arrêté, & donnera la dernière solidité à tout l’ouvrage. Malgré leur simplicité, ces treillages ne laissent pas d’être fort coûteux, sur-tout dans les pays où le bois de chêne est peu commun. Il convient donc de ne négliger aucune précaution qui, sans augmenter de beaucoup la dépense, assure à la totalité une très-longue durée.

1°. L’ouvrier après avoir débité son bois, l’avoir refendu en morceaux de douze à quinze lignes d’épaisseur sur toute la longueur de la planche, choisira la quantité nécessaire des bois refendus pour former toutes les traverses horisontales. Il unira, à la verlope ou rabot, ce bois sur toutes ses faces, parce que plus il sera uni, & moins il laissera de prise à l’eau de pluie & à la neige. C’est le séjour de l’une ou de l’autre qui occasionne la pourriture du bois. Elle est encore fortement causée par l’alternative de l’humidité & de la chaleur.

2°. Il donnera à la partie supérieure de ces traverses une pente de deux à trois lignes du bord postérieur au bord antérieur. Cette petite précaution empêchera l’eau d’y séjourner.

3°. Cette pente n’aura pas lieu dans la partie de traverse qui s’emboîte dans la partie entaillée. C’est sur ces points de réunion des montans droits & horizontaux que l’ouvrier doit s’attacher, afin de donner beaucoup de précision à sa coupe, afin que les deux entailles réunies l’une sur l’autre ne laissent aucun vide après leur emboîtement ; ces vides deviennent le repaire des insectes & le tranquille dépôt de leurs œufs. C’est toujours par les emboîtemens que commencent la pourriture & la vermoulure des treillages.

4°. Lorsque la totalité du bois est préparée, il convient de passer par-