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de camphre, l’essence de térébenthine, la teinture de myrrhe & d’aloès, l’onguent égyptiac, &c.

Si néanmoins ces escarres étoient si considérables, ou l’humeur dans un tel degré d’épaississement que les parties irritables fussent soustraites & dérobées à l’action de ces substances, ou que la résistance de ces masses étrangères fût supérieure aux efforts & aux mouvemens syntactiques des vaisseaux, leur destruction ne pourroit s’attendre que de l’effort des substances évidemment plus puissantes, & l’on en trouvera les moyens ou dans l’activité certaine du feu même, (voyez feu, Cautère actuel) ou dans celle des remèdes corrosifs, tels que l’eau phagédénique, le collyre de lanfrane, le baume d’acier ou d’aiguilles, l’huile de tartre par défaillance, le sublimé corrosif, les précipités blanc & rouge, la dissolution mercurielle, le beurre d’antimoine, &c. qui pénétrant, rompant & rongeant une partie des portions qui masquoient celles qui sont vives & sensibles, mettront les détersifs plus doux & moins animés qu’on leur substituera, à portée de faire sur celle-ci l’impression qui doit achever la ruine des autres.

Enfin, quant à la quatrième indication, c’est-à-dire, aux ulcères fétides & malins, compliqués d’une constitution vicieuse de la masse y d’un vice local, comme d’une disposition inflammatoire dans la partie même, de la présence d’une humeur âcre & corrosive qui, par de funestes progrès, s’étend à tout ce qui l’avoisine, amortit & éteint le principe vital dans la superficie de tous les vaisseaux qu’elle touche, & subit toujours elle-même une plus grande dépravation dans le lieu qu’elle infecte & qu’elle ravage. Le premier soin de l’artiste, doit être de remonter à la source, d’administrer intérieurement les remèdes indiqués par les circonstances, & sans lesquels le régime & les topiques n’auroient aucun succès ; de tenter d’abord d’appaiser l’inflammation, d’adoucir l’acrimonie par l’usage des détersifs mitigés, tels que les décrétions plus ou moins fortes des plantes vulnéraires, mêlées avec le miel, & tels que l’oxymel simple, &c. sauf à mettre ensuite en usage les médicamens anti-putrides qui seront l’oxymel scillitique, le sel ammoniac, le camphre dissous dans l’eau-de-vie, la teinture de myrrhe & d’aloës, tirée par l’esprit-de-vin, &c.

Cette même teinture, la coloquinte, la coraline, l’ellébore blanc & noir, la rhue, la tanaisie, la staphisaigre, les racines de gentiane, de fougère en décoction ou en poudre, les huiles de térébenthine, de pétrole, d’aspic, sont, ainsi que les antiputrides dont nous venons de parler, de la plus grande efficacité, quand il s’agit d’ulcères vermineux ; comme une dissolution de sublimé corrosif dans l’esprit-de-vin camphré, étendue ensuite dans suffisante quantité d’un véhicule aqueux & mucilagineux, tel que la décoction de racine de guimauve, & injectée dans les naseaux de l’animal, forme un détersif auquel résistent assez rarement les ulcérations chancreuses, qui sont un des signes univoques de la morve. (Voyez Morve, Chancre.)

XIII.

Le choix, le mélange de ces dif-