Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/119

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livre, sans distinction de qualité, pour les faire passer à Paris. Ainsi il obtenoit quelquefois pour sa commission un bénéfice énorme de cinquante pour cent, lequel auroit tourné au profit des propriétaires d’écailles, s’ils eussent fait eux-mêmes directement leurs envois à la capitale.

Au reste, les écailles préparées en Lorraine, en Alsace, et dans le pays Messin, sont les plus estimées et les plus recherchées dans le commerce, tant à cause de leur éclat, que de leur pureté.

La révolution qui avoit interrompu presque toute communication avec l’étranger, et qui avoit anéanti presque toutes les branches d’industrie, fit tomber avec le commerce le prix des écailles. À l’époque de la paix, cette denrée a éprouvé une hausse de douze pour cent ; mais au moment où j’écris, (mars 1804) où la guerre a de nouveau fermé les débouchés du commerce extérieur, les écailles sont retombées au prix de 1789, et même au dessous. L’on n’en sera pas étonné, lorsque l’on saura que c’est spécialement pour l’Angleterre que se font le plus fréquemment les expéditions des écailles d’ables, de l’essence d’Orient, et des perles factices. Après l’Angleterre, c’est l’Espagne qui reçoit la plus grande quantité de ces produits de notre industrie.

L’essence d’Orient que, dans le commerce, on appelle aussi liqueur ou vernis de poissons, a éprouvé les mêmes variations de prix que les écailles mêmes. Sa qualité est en raison de la beauté et de la pureté des écailles dont elle est formée. La mesure de capacité en usage pour le débit de cette liqueur a un pouce neuf lignes de diamètre sur neuf lignes de hauteur. Jusqu’en 1790, elle se vendoit, suivant son degré de pureté, 24, 27, et 30 francs la mesure ; à la paix, elle a éprouvé une hausse correspondante à celle de la substance dont on la compose, c’est-à-dire de douze pour cent. Aujourd’hui, le discrédit du commerce l’a fait tomber à 24 francs, prix moyen de ses différentes qualités. (Sonnini.)


ABLERET ou ABLERAT, filet qui sert à la pêche des petits poissons, et particulièrement de l’able. Voyez ce mot. (Sonnini.)


ABLERETTE, petite Senne ou Senette propre à prendre les Ables. Consultez cet article et ceux de Senne et de Sennette. (Sonnini.)


ABOIS, (Chasse.) Quand l’animal poursuivi par les chasseurs et les chiens, et sentant ses forces épuisées, s’arrête devant eux, on dit qu’il est aux abois ou qu’il tient les abois. Il rend les derniers abois, lorsqu’il tombe outré de lassitude et prêt à expirer. C’est le moment du triomphe du chasseur sur un être foible, et la plupart du temps innocent et sans défense, qu’il a excédé, dont il prolonge les souffrances et contemple avec joie les derniers soupirs. En célébrant par des cris et des fanfares une ombre de victoire qui lui fait illusion, l’homme semble proclamer sa propre insensibilité. L’habitude de pareils exploits, quoique dirigée par l’attrait du plaisir, affaiblit les sentimens de pitié que la nature a gravés dans les cœurs, et dispose à la dureté. Ce qui a fait dire à J.-J. Rousseau, que la chasse est un exercice propre à endurcir le cœur aussi bien que le corps. (Sonnini.)


ABREUVOIRS, (Chasse). Les abreuvoirs, en langage d’oiseleurs, sont tous les lieux où quelque eau de source ou dormante invite les oiseaux à venir se désaltérer ou se baigner. Un ruisseau ou quelque bassin naturel ou artificiel dont les environs soient abrités et tranquilles, éloignés du passage des hommes et même des bestiaux, forment d’excellens abreuvoirs, où l’oiseleur peut raisonnablement espérer qu’il placera ses pièges avec fruit. Une situation très-favorable encore est le voisinage des vignes, des champs ense-