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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/321

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nière à former une hutte ou cabane, valent mieux que des rameaux coupés, qui perdent leur verdure en une matinée. Le chasseur caché dans cette cabane s’y ménage des jours au moyen desquels il peut passer le bout de son fusil, et tirer les oiseaux perchés sur l’arbret. À cette même chasse, on tue aussi beaucoup de grives et d’ortolans.

Pour chasser les becfigues au miroir, on emploie le même attirail que pour les Alouettes. (Voyez ce mot.) Les mailles des nappes doivent cependant être plus petites, et le fil par conséquent plus fin. Le lieu favorable pour tendre ces nappes est le voisinage des vignes, et sur-tout l’entre-deux de coteaux qui en seroient couverts. On doit, si on le peut, multiplier les moquettes ou appelants, parce que le becfigue est attiré par la vue des autres oiseaux, et principalement par ceux de son espèce. Au défaut d’oiseaux, on se sert des appeaux d’alouettes. Les plus simples et les plus imitatifs de ces appeaux sont, ou un noyau de pêche aplati par le frottement sur ses deux côtés convexes, percé d’outre en outre, au même endroit, d’un trou rond, et vidé ensuite de son amande ; ou bien, un petit instrument de quelque métal, comme cuivre, argent ou fer-blanc, de la forme d’un bouton, plat d’un côté, convexe de l’autre, et aussi percé à son milieu. Ces appeaux se placent entre les lèvres et les dents, et le sifflement qu’ils rendent est produit par l’air extérieur que l’on retire à soi et que la langue module. Après les premiers coups de filets heureux que l’on a donnés, on fait servir de moquettes les premiers becfigues dont on s’est emparé.

L’on prend aussi ces oiseaux aux collets, que l’on fait pour cette chasse de deux crins de cheval seulement ; on arme de ce piège les vignes, les haies qui les environnent, et les clairières qui les séparent. On les place encore aux environs des figuiers et des mûriers.

On peut suspendre plusieurs collets à un même volant. Les oiseleurs donnent ce nom à une baguette de bois vert, dont on force les deux extrémités à se relever en coude, au moyen de deux légères entailles pratiquées à cet effet sur la baguette, à une distance convenable. Pour que les deux bouts se tiennent ainsi relevés, on les attache avec une ficelle : par-là, le volant présente la forme d’une espèce de cadre ou châssis. À cette ficelle sont attachés les collets qui doivent pendre à un demi-pouce au moins de la baguette. On suspend une grande quantité de ces volans le long des haies ou à des branches d’arbres, et on les amorce avec des fruits, en les plaçant de manière que, pour saisir cette amorce, l’oiseau soit obligé de se poser sur la partie de la baguette ou volant qui se trouve dans une situation horizontale, et de passer son cou à travers le cercle que lui présente le collet ouvert, derrière lequel est attaché le fruit dont il est avide.

Il y a aussi beaucoup d’avantage à tendre aux becfigues le filet appelé araignée, qui est au reste plus particulièrement consacré à la chasse des Grives. (Voyez ce mot.) Enfin, on les prend, comme les autres oisillons, au moyen de la chouette. (Voyez l’article Pipée.)

On leur fait encore, en Provence, une chasse particulière, à laquelle on donne le nom de Tesse. Voyez ce mot. (S.)


BERGERONNETTES, ou BERGERETTES, petits oiseaux dont le nom indique les habitudes. Ils suivent, en effet, les troupeaux dans la prairie, ne les quittent point, se promènent avec grâce et légèreté au milieu du bétail, et se posent quelquefois sur le dos des bœufs et des moutons ; ils semblent avoir une affection toute particulière pour les bestiaux, et partager avec le berger une vive sollicitude pour leur conservation ; car ils l’avertissent, par des cris d’alar-