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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/444

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celles qui fournissent le plus communément des chiens couchans, de plaine ou à arrêt, sont les braques, les épagneuls et les griffons : ces derniers, qui sont originaires de Piémont et d’Italie, tiennent de l’épagneul et du barbet, leur poil est long et un peu frisé. (Voyez, pour les deux autres races, l’article Chien, dans le Cours.)

On exige qu’un chien de plaine soit bien fait et léger, qu’il soit plus haut du devant que des hanches, qu’il ait l’épaule serrée, le poitrail étroit, le col court et un peu gros, peu d’oreille et haute, le nez gros et ouvert, le pied de lièvre, c’est-à-dire long, étroit et maigre, ou bien fort court, rond, petit et maigre, la côte plate, le rein large, enfin que le fouet de la queue, quand il quête, rase les jarrets en croisant. Les chiens qui ont le devant haut et le col court, portent le nez haut et ne fouillent point, c’est-à-dire qu’ils ne mettent point le nez à terre, et ils vont fort vite. Ces chiens conviennent dans les cantons où le gibier est rare, parce qu’ils quêtent légèrement et battent beaucoup de pays. Par cette raison, ils trouvent plus de gibier que les chiens pesans, qui ne conviennent proprement que dans les terres où le gibier abonde.

La patience et la douceur doivent présider à l’éducation des chiens de chasse ; ce sont précisément les qualités qui manquent presque toujours aux gardes chasses et à ceux qui font métier de dresser les chiens ; les châtimens violens et redoublés font toute leur science, et dans l’excès de leur brutalité, ils y ajoutent le coup de fusil, qui fait quelquefois mourir le chien au lieu de le corriger. Hommes barbares ! dont la fureur trouve de nouveaux alimens dans la foiblesse et l’extrême timidité, qui voyez sans pitié ce malheureux chien, ne demandant qu’à vous comprendre, et disposé à vous obéir dès que vos volontés lui seront connues, prêt à expirer sous vos coups, se traîner tremblant à vos pieds, arroser la terre de son sang que vous faites couler, et de son urine que la frayeur lui fait répandre, implorant son pardon par ses regards affoiblis, qu’il ne cesse de tourner vers vous, et par ses caresses, qu’il brûle encore de vous prodiguer au moment même où vous les repoussez avec une insigne cruauté, n’est-ce pas là l’indice d’une ame dure et insensible ? et que doit attendre la société de l’exercice habituel d’une pareille inhumanité ?

Dès que le chien a cinq ou six mois, on lui apprend à rapporter. C’est à cet âge, sur-tout, qu’il importe de ne pas le rebuter, et qu’on l’instruit aisément, en employant les caresses plutôt que les châtimens. Un morceau de bois carré, de huit à neuf pouces de long, et de huit à neuf lignes d’épaisseur, qui a des crans comme une scie, et à chaque bout deux trous percés en travers, pour y passer quatre petites chevilles en croix, à peu près de la grosseur d’une plume à écrire, est l’instrument dont on se sert ordinairement ; les chevilles des extrémités soutiennent cette espèce de moulinet à un pouce et plus de terre, en sorte que le chien peut le saisir facilement. On le jette à quelque distance, en disant au chien : apporte. S’il ne va pas de lui-même, on l’y conduit, et s’il ne ramasse pas le moulinet, on lui fait baisser la tête et on lui frotte légèrement les dents avec le bâton crénelé, ce qui le force à ouvrir la gueule, dans laquelle on pousse le bâton ; on lui tient une main sous la mâchoire inférieure, et de l’autre on le caresse, en lui disant : tout beau. S’il lâche le bâton, on le lui fait reprendre après l’avoir corrigé, et il ne tarde pas à s’apercevoir que l’on exige qu’il le tienne. On lui apprend de même à l’apporter, en lui disant : apporte ; et donne, lorsqu’on veut qu’il le lâche. Il n’est guères de chiens qui ne sachent rapporter en peu de leçons, s’ils