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qu’on reconnoît par la chaleur de la partie, par le gonflement des veines, et par le battement dur et vif des artères latérales du canon ; outre l’action de parer et de ferrer, on se hâtera de saigner à la jugulaire, jusqu’à souplesse du pouls ; on donnera des lavemens mucilagineux ou très-légèrement acidulés, tièdes ; on tiendra le cheval abattu sur une bonne litière ; on lui appliquera sur les tendons, les boulets et les pieds, des cataplasmes émolliens ; de temps en temps on retournera l’animal, on le fera relever, et on lui fera prendre des bains de pied dans l’eau tiède. (Voyez Bain.) On continuera ces moyens jusqu’à ce que la douleur appaisée permette au cheval de se porter sans danger sur ses membres.

Des claudications dont le siège est obscur et occulte. Nous croyons devoir traiter séparément des claudications dans lesquelles le point douloureux est très difficile à reconnoître, ou même reste caché pour les personnes qui ne joignent pas un grand discernement à une grande pratique.

Quelques unes viennent de ce qu’on n’a pas traité, ou de ce qu’on a mal traité les lésions dont nous avons parlé dans les détails que nous avons déjà donnés, de manière que le mal s’est invétéré : telles sont l’écart, l’effort de boulet, etc.

D’autres claudications ont pour cause des défectuosités du pied, telles que des cercles qui suivent de légères fourbures, un quartier qui rentre parce que la couronne est trop saillante ; un autre quartier poussé en dehors par des feuillets qui ont végété, dont la partie la plus externe s’est durcie, desséchée ; la couronne enfoncée ou exubérante dans sa partie antérieure, ce qui soulève et gêne le tendon extenseur du pied ; les talons trop bas, l’ongle trop étroit, le resserrement des talons, l’encastelure, l’excès de longueur ou de brièveté de la paroi ; le pied dérobé, plat, comble, l’ognon, la fourmilière.

On voit encore des claudications qui sont dues à des exostoses, sur-tout près des ligamens capsulaires et les tendons ; (Voyez Exostose, Eparvin, Courbe, Jaude, Forme, Osselet, Suros) à des tuméfactions ou nodus aux tendons ; à des tumeurs synoviales qui peuvent accompagner les autres altérations. (V. Molettes, Vessigons).

Un genre de claudication dont le siège est réellement occulte pour tout le monde, à cause du défaut d’aveu des animaux, ce sont les claudications dues à une affection rhumatismale. Il n’y a point de tumeurs, point de siège bien circonscrit ; elles sont même sujettes à ne paroître que de temps en temps.

Dans toutes les claudications dont le siège est obscur, le raffinement du maquignonnage a quelquefois fait volontairement des blessures (légères, mais suffisantes) au cheval à une partie bien apparente, afin que l’acheteur, voyant une cause évidente de claudication, ne porte point ses soupçons au delà. C’est alors qu’il faut redoubler d’attention pour démêler des difficultés qui se compliquent.

Les claudications qu’on appelle de vieux mal, sont de l’espèce dont nous traitons. La nature des organes qui composent les articulations les disposent à ces affections chroniques. Ce qui les caractérise assez généralement, c’est qu’elles disparaissent, en grande partie, dans les momens où un exercice soutenu a excité le transpiration de la partie, ou, comme on dit, quand, le cheval est échauffé. Quelquefois cependant c’est le contraire : les claudications de cette nature sont le plus souvent incurables, attendu que toutes les surfaces articulaires, ainsi que les ligamens qui les assujettissent, sont fatigués au point qu’il est impossible de les ramener à leur