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chassent point ; ce qu’on peut obtenir facilement avec des grillages ou des filets. La base de la nourriture de ces prisonniers étoit du millet écorcé et pilé, dont on faisoit une espèce de pâtée avec des figues broyées et de la farine. On y joignoit des baies de lentisque, de myrte, de lierre, et en général tous les fruits propres à donner du parfum et de la saveur à leur chair. Avant de les manger, on faisoit passer ceux que l’on destinoit à l’honneur d’une table splendide dans une cage plus étroite, qui communiquoit à la grande volière où on les prenoit à l’aise, après avoir eu toutefois encore le soin de leur prodiguer, vingt jours auparavant, une nourriture plus abondante et plus délicate. Les propriétaires de ces volières trouvoient très-bien l’intérêt de leurs dépenses et de leurs soins : la fiente même de ces oiseaux étoit recherchée par les cultivateurs, comme un excellent engrais. (S.)


GROS-BEC, (Loxia coccothraustes Lin.) oiseau du genre qui porte son nom, et dont les caractères sont : le bec conique, bombé près du front, et à rebord sur les côtés de la partie inférieure ; les narines petites et rondes ; la langue comme coupée à son bout ; quatre doigts séparés à peu près jusqu’à leur naissance, trois en avant et un en arrière. Le genre des gros-becs fait partie de l’ordre des passereaux. (Voyez au mot Étourneau.)

La couleur qui domine sur le plumage de cet oiseau est un brun marron plus ou moins foncé ; le dessous du corps a une teinte vineuse jusqu’au bas-ventre qui est blanc. Une ligne de cette dernière couleur s’étend sur les ailes, dont la pointe est noire, et un petit bandeau noir couvre le front. La femelle diffère du mâle par des couleurs qui, outre qu’elles sont moins vives, ne sont pas les mêmes en plusieurs endroits. Des mouchetures jaunâtres distinguent les jeunes.

Cette espèce paroît sédentaire en France ; elle y habite les bois et les montagnes pendant l’été, et descend dans la plaine en hiver ; mais, comme elle est peu nombreuse, on soupçonne qu’elle ne fait qu’une couvée par an. Le gros-bec vit de toutes sortes de graines ; il est sur-tout très-friand des bourgeons des arbres. C’est uniquement à cause de cet instinct destructeur et nuisible, et non à cause de sa chair, qui est dure et sèche, que je recommande ici la chasse de cet oiseau. Les gros-becs placent leur nid sur les arbres à dix ou douze pieds de haut, à l’insertion des grosses branches contre le tronc ; ils le composent de mousse et de filamens de racines ; la ponte est de quatre à cinq œufs d’un vert bleuâtre, tachetés de brun olivâtre.

Chasse aux gros-becs. Il n’est pas difficile de tendre sur leur nid le lacet que j’ai décrit à l’article Grive ; et c’est même le cas de l’employer bien plus qu’à l’égard des autres oiseaux, dont on ne doit point chercher à diminuer la reproduction. Pour dénicher de petits gros-becs, il faut y aller avec précaution ; le père et la mère défendent leur nichée avec courage, et pincent très-serré. L’auteur de l’Aviceptologie assure, contre l’autorité de Buffon, que ces oiseaux viennent à la pipée et s’y prennent. On en détruit beaucoup aux abreuvoirs avec les gluaux, les raquettes et les collets ; ils donnent dans les Fossettes (Voyez ce mot) et dans les différens pièges appâtés à leurs goûts : ces goûts sont, comme je viens de l’indiquer, les graines et les bourgeons d’arbres de pin, sapin, hêtre, etc., les noyaux qu’ils cassent avec leur bec singulièrement fort, le chènevis, le pin, l’alpiste, etc. ; quand on a de ces oiseaux vivans, on peut s’en servir avec succès, comme appelants, pour attirer ceux de l’espèce sous divers filets. (S.)


GRUAU. C’est ainsi qu’on appelle les semences des graminées qu’on a dé-