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Pourquoi ? parce que l’amateur observe ce qui se passe, calcule ses opérations, met de la suite dans ses expériences, etc. (Voyez au mot Espèce.)

Les amandiers, levés, sont sarclés et binés une ou deux fois, et la plupart greffés en écusson, à six pouces de terre, dans le courant de la première année. Pendant celui de la seconde, ils reçoivent les mêmes façons, et l’hiver suivant ils sont en état d’être enlevés pour être placés à demeure. C’est cette rapidité de la croissance de l’amandier qui le rend si intéressant pour les pépiniéristes, non seulement d’arbres fruitiers, mais encore d’arbres d’agrément, qui y greffent toutes les espèces de fruits à noyaux que fournissent la Perse, la Sibérie, etc.

La greffe en fente réussit rarement sur l’amandier, à raison de la grande quantité de gomme qui transude de son écorce, lorsqu’elle est coupée transversalement. En conséquence, lorsqu’un sujet est devenu trop fort pour être greffé en écusson, on lui coupé la tête pour déterminer la sortie de jeunes branches sur lesquelles on pratique cette dernière.

J’ai déjà dit qu’on greffoit le plus communément l’abricotier sur l’amandier ou sur le prunier : ainsi il n’a point de culture particulière dans les pépinières. Si on vouloit avoir des sujets francs, le semis de ses noyaux et la conduite du plant qu’ils auroient produit ne différeroient en rien de ce qui a été indiqué précédemment pour l’amandier.

Les mêmes observations s’appliquent au pêcher ; seulement je dois ajouter que quelques espèces de ce genre se reproduisent par le simple semis, mais que cependant il vaut mieux les greffer.

Les trois derniers arbres dont je viens de parler aiment une terre légère ou peu substantielle, et de la chaleur : en conséquence, leurs graines doivent être semées dans la partie de la pépinière la plus en rapport avec cette nature de terrain, et la mieux exposée aux rayons du soleil.

Pépinières d’arbres d’agrément. Autant les travaux qui se font annuellement dans une pépinière d’arbres forestiers, et même dans une pépinière d’arbres fruitiers, sont simples et faciles, autant ils sont nombreux et compliqués dans celle qui fait l’objet de cet article. En effet, chaque espèce d’arbres ou d’arbustes demande une culture différente, qu’il est souvent fort difficile de connoître, puisqu’elle s’exerce sur de nouveaux sujets, et qu’on n’a la plupart du temps à leur égard que des renseignemens fort vagues, ou même point du tout. Aussi faut-il dans celui qui entreprend de les diriger, non seulement des connoissances générales en culture, mais encore un esprit observateur qui puisse juger, par ce qui a été fait, de ce qu’il convient de faire, et qui sache changer de méthode avant que le non-succès d’une tentative ne soit arrivé à son dernier terme, c’est-à-dire à la perte du sujet sur lequel elle s’exerce.

Il est indispensable, comme je l’ai déjà dit, qu’une pépinière d’arbres étrangers ait de nombreux abris, principalement au nord et au midi, soit fixes, soit mobiles.

En généra], il est bon que cette pépinière soit exactement orientée, qu’elle soit entourée de murs d’une certaine hauteur, et qu’il passe dans son intérieur un courant d’eau, accompagné de bassins exposés au soleil.

L’eau de puits, outre la plus grande dépense de son extraction, a le grave inconvénient d’être, pendant l’été, à une température inférieure à celle de l’atmosphère, et de contenir, presque toujours, ou de la sélénite ou du carbonate calcaire, qui nuisent beaucoup au jeune plant, et même le font quelquefois périr en encroûtant ses racines.

Il est des graines d’arbres qui demandent à être semées à une exposition chaude, d’autres qui ne lèvent qu’à celle du nord. Celle du levant convient à beaucoup, et la pire est celle du couchant. Il faut donc qu’un pépiniériste dispose son terrain de manière à ne perdre aucun de ses abris. En conséquence, le pied de ses murs formera une planche d’une largeur proportionnée à sa hauteur, laquelle sera divisée en petits carrés pour recevoir les semences. Outre cela, si sa culture est fort étendue, il sera encore obligé de faire des abris au milieu des carrés de son jardin, pour suppléer à ceux qui lui manquent contre les murs.

Ces derniers sont de deux sortes, ou fixes, c’est-à-dire faits avec des murs ou des arbres qui se garnissent de branches jusqu’à la racine, ou mobiles, c’est-à-dire construits avec des planches, des claies, des paillassons et même des toiles.

Il est difficile de dire quels sont les meilleurs de ces abris, attendu qu’ils ont tous leurs avantages et leurs inconvéniens, relativement à telle ou telle espèce d’arbres. Il est presque toujours bon d’en avoir de toutes les espèces, lorsqu’on le peut, ainsi qu’on le verra par la suite.

Outre ces abris simples, il en est d’autres qui sont également employés dans une pépinière d’arbres d’agrément ; ce sont des cloches de verre de diverses espèces, des bâches à