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châssis, et des serres tempérées ou chaudes ; mais ces derniers entrent dans une série de travaux qui n’est que secondaire pour la plupart des cultivateurs. Il en a été question au mot Serre.

Les articles de culture qui entrent dans une pépinière de la nature de celle qui nous occupe sont très-nombreux, et augmentent chaque jour. On en compte en ce moment plus de deux mille, et on ne comprend pas dans ce nombre ceux qui sont encore très-rares, c’est-à-dire qui ne se trouvent que dans quelques jardins. Comme il est impossible d’entrer dans le détail de la manière dont chacun doit être traité, je renvoie, pour les détails, aux différens articles répandus dans ce Dictionnaire, et je me contente d’indiquer ici des généralités.

Les arbres et arbustes d’agrément qui se cultivent dans les pépinières peuvent être rangés sous sept classes ; savoir :

1°. Ceux du pays, qui sont destinés les uns à entrer dans les bosquets, les autres à servir de sujets pour la greffe des espèces étrangères, comme le frêne, le sycomore, le peuplier, l’aubépine, le rosier, etc. ;

2°. Ceux des pays étrangers, mais qui sont depuis long-temps acclimatés, et dont la culture ne diffère pas de celle des précédens, comme le marronnier d’Inde, le robinier ou acacia blanc, le lilas, le syringa, etc., qui servent également directement à l’embellissement des jardins, et indirectement comme de sujets pour greffer des espèces plus précieuses encore ;

3°. Ceux de la Sibérie et autres contrées orientales, telles que les baguenaudiers, les caraguas, les spirées, les tragacantha, etc. ;

4°. Ceux de l’Amérique septentrionale ou du nord de l’Europe, ou des plus hautes montagnes de tous pays, qui demandent impérieusement une terre de bruyère et une ombre constante, comme les kalmies, les rosages, les andromèdes, les clethra, les airelles, etc. ;

5°. Ceux des parties méridionales de l’Europe, et quelques autres de diverses parties du monde, qui gèlent l’hiver, mais qui peuvent être cependant cultivés en pleine terre, tels que le chêne vert, l’olivier, l’oranger, le myrte, le filaria, l’arbousier, les cistes, etc. ;

6°. Ceux du Cap de Bonne-Espérance, de la Nouvelle-Hollande, du nord de la Chine et du Japon, dont la nature exige une terre de bruyère, et de la chaleur ; dans cette classe se trouvent les bruyères, les protées, les banksies, les métrosideros, les mélaleuca, etc. ;

7°. Ceux d’entre les Tropiques, qui doivent être tenus pendant la plus grande partie de l’année dans une serre chaude, tels que les goyaviers, les cafés, etc. Je ne parlerai pas ici de ces derniers, dont la culture a été mentionnée à l’article Serre. (Voyez ce mot.)

Les arbres et arbustes des deux premières classes demandent la même culture, ou une culture peu différente de celle qu’ils auroient obtenue dans la pépinière forestiere. Ainsi on sème leurs graines à la volée ou en rayons sur des planches préparées par des labours, on repique le plant qu’elles ont produit la seconde, ou la troisième année ; on les met sur un brin, ou on les recèpe lorsque cela devient nécessaire ; je dis lorsque cela devient nécessaire, parce qu’il est quelques espèces qu’on conserve plus volontiers en buisson, comme le lilas, le syringa, etc., et d’autres qui souffrent difficilement cette opération, comme les noyers, les marronniers, etc.

Une partie des arbres de ces deux divisions, comme je l’ai déjà observé, sert immédiatement à l’ornement des jardins, et l’autre n’y est employée qu’après avoir reçu une greffe qui le transforme en espèce plus rare. Ainsi on met, sur le sycomore, l’érable jaspé, de Pensylvanie, et les variétés de ceux du pays : on place sur le frêne ordinaire tous les frênes étrangers ; sur le marronnier d’Inde, les trois espèces de pavia, etc.

C’est dans ces divisions que se trouvent la plupart des chênes, arbres qui ne reçoivent pas facilement les greffes en fente et en écusson, et qui doivent être greffés à l’anglaise. (Voyez le mot Greffe)

Il n’est pas du tout indifférent de placer une greffe sur tel arbre, plutôt que sur tel autre du même genre ou de genre analogue, l’expérience ayant appris que certaines espèces sont plus propres à les recevoir que d’autres. Ainsi, pour me pas sortir des exemples ci-dessus, je dirai que celles qu’on met sur le sycomore réussissent beaucoup plus souvent que celles qui sont faites sur le platanoïde ou sur l’érable commun : le développement détaillé de ce qu’on doit savoir à cet égard obligeroit d’écrire un volume. Je me trouve donc encore obligé de renvoyer aux articles particuliers de chaque arbre pour cet objet.

Mais je ne puis m’empêcher de citer encore le fait suivant.

Le sorbier hybride est un arbre de seconde grandeur, qui naturellement porte de fort grosses branches, et étend au loin ses rameaux. Quand on le greffe sur l’épine blanche, arbuste de nature deux ou trois fois plus foible, il pousse une grande quantité de petites branches qui forment pyramide ou boule ; ce qui lui donne