Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/631

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que la dissolution représente toujours un poids de trois cents kilogrammes. On entretiendra cette dissolution à soixante degrés de chaleur, et pendant une heure on y fera macérer les toiles, cordes ou filets qu’on voudroit soumettre à l’opération. Au bout de ce temps, on les fera sécher à l’ombre sans les avoir exprimées ; on observera de ne pas les laisser sécher à fond, afin d’éviter qu’elles ne prennent trop de roideur, ce qui les empêcheroit de se plier facilement. Immédiatement après cette opération, on les mettra dans un très-grand cuvier. Si on a employé suffisamment de toile pour avoir absorbé deux cents kilogrammes de la dissolution de colle, on prendra cinq hectolitres d’eau de tan chargée de tannin à deux degrés, qu’on versera sur la toile contenue dans le cuvier : on laissera le tout en repos pendant quarante-huit heures, au bout de ce temps on fera sécher la toile à fond et à l’ombre ; ensuite on la lavera à l’eau courante pour la faire sécher pour la dernière fois ; dans cet état elle est aussi souple qu’elle peut l’être : sa couleur est d’un beau fauve, ce qui ne nuit nullement aux usages auxquels on la destine : en vieillissant, l’intensité de la couleur augmente de plus en plus, et jusqu’à ce qu’elle soit arrivée au brun très-foncé.

De la toile ainsi préparée peut être plusieurs mois dans une cave humide, sans éprouver d’altération sensible, tandis que le tissu de celle qui auroit été exposée au même lieu et qui n’auroit subi aucune préparation seroit en partie détruit.

On expliquera facilement cette nouvelle propriété des toiles ou cordes de la toile ainsi préparées, si on compare la gélatine avec une peau tannée. En effet, ne sait-on pas que rien n’est plus destructible que la peau des animaux, et que cependant l’art est parvenu à la rendre imputrescible, et à lui communiquer, en la végétalisant, un degré d’indestructibilité tel, qu’une peau bien préparée peut être conservée plusieurs siècles sans éprouver de la part de l’air et de l’eau une destruction complète ?

Je ne dois pas omettre de faire remarquer ici que l’intromission de la combinaison végéto-animale dans le tissu de la toile ou de la corde est une addition à sa contexture, et que cela doit, indépendamment de son indestructibilité, la faire résister plus long-temps aux frottemens qu’elle peut éprouver dans les usages auxquels on la destine.

D’après la réunion de ces deux avantages, il n’y a pas de doute que l’application de ce nouveau moyen ne devienne très-avantageux dans tous les cas où on aura des toiles, des cordes, etc., à exposer à l’action réunie de l’air et de l’eau. (Curaudau.)


TOMBEREAU, (Chasse aux oiseaux,) sorte de Trébuchet. Voyez ce mot. (S.)


TOPINAMBOUR. Sa description se trouve au mot Tournesol, parce qu’en effet la plante appartient à cette classe ; mais Rozier ne paroît pas avoir pris des tubercules nombreux qu’elle produit, une opinion assez avantageuse. Cependant, si sa culture inspire moins d’intérêt que la pomme de terre, nous pensons que mieux connue, elle figurera un jour en plein champ, et sera inscrite au nombre des productions qui peuvent accroître la masse de la subsistance des hommes et des animaux.

Le topinambour, poire de terre, taratouf, est encore un présent de l’Amérique, qu’on a confondu mal à propos avec la pomme de terre. Olivier de Serres en a donné une description assez exacte, sous le nom de cartouf. Ce patriarche de l’agriculture, dont le mérite est rappelé dans le premier volume du Cours complet, dit que cette plante a le port d’un arbrisseau, qu’elle s’élève à cinq ou six pieds de hauteur, pousse une tige qu’on provigne avec toutes les branches, donne des tubercules qui ont l’apparence extérieure des truffes, et naissent à la fourchue des nœuds. Or, la pomme de terre n’a aucun de ces caractères ; cependant des écrivains célèbres, Haller, entr’autres, n’a fait aucune difficulté de croire qu’il s’agissoit dans cette description du solanum tuberosum ; mais il paroît bien constaté qu’à l’époque où le Théâtre d’Agriculture parut,