Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/673

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Chasse du daim. L’espèce du daim est très-voisine de celle du cerf et beaucoup moins commune en France que celle du chevreuil. On ne l’y rencontre gueres que dans quelques cantons ; mais elle est nombreuse en Angleterre, et l’on y fait grand cas de cette venaison. On élève les daims dans les parcs, où ils sont, pour ainsi dire, à demi-domestiques.

Le pelage du daim est plus clair que celui du cerf, sa queue est plus longue, sa tête un peu plus forte ; elle est plus aplatie, et, à proportion, plus garnie d’andouillers que celle du cerf ; elle est aussi plus courbée en dedans, et elle se termine par une large et longue empaumure ; quelquefois, lorsque la tête est forte et bien nourrie, les plus grands andouillers se terminent eux-mêmes par une petite empaumure.

Les daims entrent en rut quinze ou vingt jours après les cerfs. La daine porte, comme la biche, huit mois et quelques jours, et produit de même ordinairement un ou deux faons. Ces animaux aiment les terrains élevés et entrecoupés de petites collines. Ils sont toujours en hardes qui se battent assez souvent les unes contre les autres avec beaucoup d’animosité ; chacune de ces hardes vit séparée et a son chef qui marche à la tête.

Pour juger les daims, on peut se régler sur les connoissances que j’ai décrites à l’article Cerf ; elles sont, en plus petit, les mêmes, ainsi que la manière de détourner ; mais il faut observer que le daim est plus méfiant que le cerf et qu’il change plus sounent d’enceinte.

« Le chassé du daim, dit un grand maître en l’art de la vénerie, M. Desgraviers, dans l’ouvrage que j’ai cité au commencement de cet article, ressemble à celui du chevreuil ; mais ses ruses le rendent plus difficile. Le daim s’accompagne d’abord plus souvent, s’il se sent la force, il retourne derrière vous, longe dix fois un chemin de droite et de gauche sur ses mêmes voies, et rentre au fort, où il se met sur le ventre. S’il vous apperçoit le premier, vous le jugerez difficilement le daim de meute ; (celui qui a été lancé) car il redresse sa tête comme s’il venoit d’être attaqué, et présente sa queue en éventail. Après lui avoir sonné fanfare plusieurs fois, vous serez même sa dupe, lorsqu’au relancé vous le reverrez repartir avec l’air tout frais, la tête haute, n’allant même qu’à trois jambes, comme s’il étoit boiteux, et sa queue sur le rein. Quelquefois, pour se faire méconnoître, il ira par bonds des quatre jambes, ou s’il vous voit longer une route, il suivra la voie de votre cheval pour se déceler aux chiens, et se jettera sur le ventre à droite ou à gauche.

» Lorsque le daim de meute a été chassé quelque temps, son nerf (verge) pend et bat entre ses jambes. Cette connoissance qu’il ne peut cacher, vous le fera infailliblement juger. S’il est mal mené, vous pourrez le connoître à sa queue qui est tendue et qu’il redressera difficilement sur le rein, à moins qu’il n’ait repris haleine.

» Si, dans le courant de la chasse, vous l’apercevez sans être vu, vous remarquerez toujours sa queue tendue et tremblante. Après avoir employé toutes les ruses possibles pour se recéler aux veneurs et se débarrasser des chiens, et avoir été relancé, il emploie son reste de force à une dernière fuite qui bientôt est suivie de sa mort. »


De la chasse du lièvre. La chasse du lièvre aux chiens courans peut se faire sans appareil et sans dépense ; deux ou trois chiens suffisent : il est même possible de l’entreprendre avec un seul, dans les bois de peu d’étendue ; aussi convient-elle à tout le monde, et les propriétaires de biens de campagne y trouvent un amusement utile, tandis que le plaisir fuit souvent le fracas d’un équipage nombreux qui étourdit plutôt qu’il n’adoucit les soucis, les embarras et les amertumes inséparables de la grandeur.

Cependant, comme il est plus facile de se diriger d’après un plan étendu, que de s’élever au point le plus haut sur la simple connoissance du point le plus bas, je parlerai de la chasse du lièvre, qui se fait avec appareil, et dont les règles conviennent à la chasse la plus simple ; de sorte que cha-