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Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/213

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sans femelles, sans nymphes, sans larves, sans œufs ?… Il ignorera les plus intéressantes de-nos mœurs, ne saura jamais quelle famille unie nous sommes dans l’existence normale, quel peuple tendu vers l’avenir…

L’homme reparut. Sur la table, il versa un tas de terre où se trouvaient mêlés des œufs, des larves et des nymphes.

— L’imbécile ! dit Aristote. Cet avenir n’appartient même pas à notre espèce. S’imagine-t-il que nous allons faire éclore des étrangères ?…

Nous transportâmes la terre dans notre nid. Le reste fut d’abord dédaigné. Mais Hannibal, passant par là :

— Cet avenir est d’une puanteur !…

Rapidement nous jetâmes dans le fleuve qui nous entourait ces êtres qui n’étaient pas encore et qui déjà sentaient mauvais. Un instant, sur un point, le fleuve fut comblé. Nous essayâmes de le traverser. Mais l’homme, d’un doigt brutal, nous saisit, nous rejette dans la cour de notre prison. Puis, d’un seul geste, il déblaie le large fossé, lance au loin les malheureuses nymphes que nous avons refusé d’adopter.

L’homme se détourne, prend quelque chose, le pose sur la table. Ce sont deux femelles d'aphœnogaster barbara et deux femelles d’amazones. Aristote introduit dans le nid les pondeuses de notre race, tandis qu’Hannibal conduit l’assaut contre