Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/168

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Après divers camps de repos, de subsistances, d’observations, l’armée s’approcha de Charleroi ; le maréchal de Villeroy avec une partie de l’armée en fit le siège et ouvrit la tranchée du 15 au 16 septembre. M. de Luxembourg le couvrit avec l’autre partie de l’armée, de laquelle nous étions, mais assez près pour s’aller promener souvent au siège, et pour que les deux armées se communiquassent sans aucun besoin d’escorte. Le prince d’Orange ne songea pas à donner la moindre inquiétude. Le marquis d’Harcourt avec son corps un peu renforcé fut envoyé aux lignes que gardoit La Valette, vers où l’électeur de Bavière avoit marché avec un assez gros corps. Fort peu après, le prince d’Orange quitta l’armée, et s’en alla à Breda, puis chasser à Loo et de là à la Haye. Charleroi battit la chamade le dimanche matin 11 octobre. On y perdit fort peu de monde, et personne de distinction que le fils aîné de Broglio, qui étoit allé voir le marquis de Créqui à la tranchée. Castille, qui commandoit à Charleroi, s’est fort plaint de n’avoir point été secouru, contre la parole que le prince d’Orange et l’électeur de Bavière lui en avoient donnée. Il a obtenu la permission de passer par la France pour aller en Espagne, et ne veut plus servir sous eux. Boisselot, qui défendit si bravement Limerick en Irlande, eut le gouvernement de Charleroi sur-le-champ.

M. de Noailles prit Roses. Un gros détachement de son armée alla joindre le maréchal Catinat, et la gendarmerie y fut aussi de l’armée du Rhin. M. de Savoie faisoit mine d’assiéger Pignerol, et se contenta de le bombarder, Tessé dedans, de prendre et de faire sauter le fort de Sainte-Brigitte, après quoi il perdit une grande bataille le dimanche 4 octobre, près de l’abbaye de la Marsaglia. Clérembault en apporta la nouvelle. Le combat dura depuis neuf heures du matin jusqu’à quatre heures après midi. On prétend qu’ils y ont perdu dix-sept mille hommes, trente-six pièces de canon, leurs bagages, cinquante étendards ou drapeaux. Les deux armées se cherchoient mutuellement. Au moment