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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/270

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et toute sa bonne compagnie, et qui, avec un livre de compte qu’elle avoit toujours devant elle, croyoit tout faire et ne fit rien que se ruiner. Elle se retira dans une maison borgne au dehors des carmélites du faubourg Saint-Jacques, s’y fit dévote en titre d’office, et se mêla après de tout ce dont elle n’avoit que faire, et peu d’accord avec ses enfants.




CHAPITRE XIII.


Tracasseries de Monsieur et des princesses. — Aventure de Mme la princesse de Conti, fille du roi, qui chasse de chez elle Mlle Choin. — Disgrâce, exil, etc., de Clermont. — Cabale et désarroi. — Mlle Choin et Monseigneur. — M. de Noyon, de l’Académie française, étrangement moqué par l’abbé de Caumartin, qui en est perdu. — Grande action de M. de Noyon sur l’abbé de Caumartin. — Dauphiné d’Auvergne et comté d’Auvergne terres tout ordinaires. — Folie du cardinal de Bouillon. — Changements chez Monsieur.


Il étoit arrivé pendant la campagne quelques aventures aux princesses. C’étoit le nom distinctif par lequel on entendoit seulement les trois filles du roi. Monsieur avoit voulu avec raison que la duchesse de Chartres appelât toujours les deux autres ma sœur ; et que celles-ci ne l’appelassent jamais que Madame. Cela étoit juste, et le roi le leur avoit ordonné, dont elles furent fort piquées. La princesse de Conti pourtant s’y soumit de bonne grâce ; mais Mme la Duchesse, comme sœur d’un même amour, se mit à appeler Mme de Chartres mignonne ; or rien n’étoit moins mignon que son visage, que sa taille, que toute sa personne. Elle n’osa le trouver mauvais ; mais quand, à la fin, Monsieur le sut, il en sentit le ridicule, et l’échappatoire de l’appeler