Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/272

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pas non plus de chez la princesse de Conti, et qui étoient parvenues à l’intimité de Monseigneur, s’aperçurent les premières de la confiance entière que la Choin avoit acquise, et devinrent ses meilleures amies. M. de Luxembourg qui avoit le nez bon l’écuma. Le roi ne l’aimoit point et ne se servoit de lui que par nécessité ; il le sentoit, et s’étoit entièrement tourné vers Monseigneur. M. le prince de Conti l’y avoit mis fort bien, et le duc de Montmorency son fils. Outre l’amitié, ce prince ménageoit fort ce maréchal pour en être instruit et vanté, dans l’espérance d’arriver au commandement des armées ; et la débauche avoit achevé de les unir étroitement. La jalousie de M. de Vendôme, en tout genre contre le prince de Conti, n’osant s’en prendre ouvertement à lui, l’avoit brouillé avec M. de Luxembourg, et fait choisir l’armée de Catinat, où il n’avoit rien au-dessus de lui ; et M. du Maine, par la jalousie des préférences, n’étoit pas mieux avec le général. Tout cela l’attachoit de plus en plus au prince de Conti, et le tournoit vers Monseigneur avec plus d’application, et c’est ce qui fit que Monseigneur avoit préféré la Flandre à l’Allemagne, où le roi le vouloit envoyer, qui commençoit à sentir quelque chose des intrigues de M. de Luxembourg auprès de Monseigneur.

Ce prince avoit pris du goût pour Clermont, de la branche de Chattes, enseigne des gens d’armes de la garde. C’étoit un grand homme, parfaitement bien fait, qui n’avoit rien que beaucoup d’honneur, de valeur, avec un esprit assez propre à l’intrigue, et qui s’attacha à M. de Luxembourg à titre de parenté. Celui-ci se fit honneur de le ramasser, et bientôt il le trouva propre à ses desseins : il s’étoit introduit chez Mme la princesse de Conti ; il en avoit fait l’amoureux ; elle la devint bientôt de lui ; avec ses appuis il devint bientôt un favori de Monseigneur, et déjà initié avec M. de Luxembourg, il entra dans toutes les vues que M. le prince de Conti et lui s’étoient proposées, de se rendre les maîtres de