Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/305

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accrédité, plus autorisé et plus affermi que jamais. Cette princesse, qui avoit toujours été fort attachée à son mari, n’avoit pas paru moins ardente que lui pour son usurpation, ni moins flattée de se voir sur le trône de son pays aux dépens de son père et de ses autres enfants. Elle fut fort regrettée, et le prince d’Orange qui l’aimoit et la considéroit avec une confiance entière, et même avec un respect fort marqué, en fut quelques jours malade de douleur.

L’autre événement fut étrange. Le duc d’Hanovre qui briguoit un neuvième électorat en sa faveur, et qui, par la révolution d’Angleterre, étoit appelé à cette couronne après le prince et la princesse d’Orange, et après la princesse de Danemark, comme le plus proche de ligne protestante, étoit fils aîné de la duchesse Sophie, laquelle étoit fille de l’électeur palatin, qui se fit couronner roi de Bohème et qui en perdit sa dignité et ses États, et d’une fille de Jacques Ier, roi d’Écosse puis d’Angleterre, fils de la fameuse Marie Stuart, et père de Charles Ier, qui eurent la tête coupée, et [aïeul] du roi Jacques II, détrôné par le prince d’Orange[1]. Ce duc d’Hanovre avoit épousé sa cousine germaine, de même maison, fille du duc de Zell. Elle étoit belle ; il vécut bien avec elle pendant quelque temps. Le comte de Koenigsmarck, jeune et fort bien fait, vint à sa cour et lui donna de l’ombrage. Il devint jaloux ; il les épia et se crut pleinement assuré de ce

  1. Cette phrase a besoin d’être éclaircie par un tableau généalogique. MARIE-STUART, décapitée. JACQUES Ier, roi d’Écosse et d’Angleterre. CHARLES Ier, décapité. JACQUES II, détrôné par le prince d’Orange. ÉLISABETH, mariée à l’électeur palatin Frédéric V, roi de Bohème. SOPHIE, mariée à Ernest-Auguste, duc de Brunswick. GEORGES-LOUIS, électeur de Hanovre et roi d’Angeterre en 1714.