Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/414

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des autres ; les lettres anonymes mouchèrent (1), les délations, les faux rapports. Tout se passa uniquement là-dessus entre le roi et Mme de Maintenon qui ne bougeoit du chevet de son lit pendant toute sa maladie, excepté lorsqu’il se laissoit voir et qui y étoit la plupart du temps seule. Elle avoit résolu d’être la véritable gouvernante de la princesse, de l’élever à son gré et à son point, de se l’attacher en même temps assez pour en pouvoir amuser le roi, sans crainte, qu’après le temps de poupée passé, elle lui pût devenir dangereuse. Lille songeoit encore à tenir par elle Mgr le duc de Bourgogne un jour, et cette pensée l’occupoit d’autant plus que nous verrons bientôt que ses liaisons étoient déjà bien refroidies avec les ducs et duchesses de Chevreuse et de Beauvilliers, auxquelles pour cette raison l’exclusion fut donnée de la place de dame d’honneur que l’une ou l’autre auroient si dignement et si utilement remplie, Mme de Maintenon chercha donc, pour environner la princesse, des personnes ou entièrement et sûrement à elle, ou dont l’esprit fût assez court pour n’avoir rien à appréhender ; ainsi le dimanche, 2 septembre, la maison fut nommée et déclarée :

Dangeau, chevalier d’honneur ;

La duchesse du Lude, dame d’honneur ;

La comtesse de Mailly, dame d’atours ;

Tessé, premier écuyer.

DAMES DU PALAIS EN CET ORDRE:

Mme de Dangeau ;

La comtesse de Roucy ;

Mme de Nogaret ;

Mme d’O ;

La marquise du Châtelet ;

1. On a déjà vu ce mot plus haut (p. 185) pris ici dans le même sens.