Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de Velasco, vice-roi de Catalogne et le marquis de Grigny, général de la cavalerie avec une petite armée et force miquelets. La place étoit plus qu’abondamment fournie de tout et conserva une libre communication par un côté avec le vice-roi pour pouvoir être rafraîchie.

M. de Vendôme n’avoit point assez de troupes pour l’investir entièrement, ni pour avoir assez de postes de proche en proche dans ses derrières pour contenir les miquelets ; tellement qu’il ne put tirer ses subsistances que par le secours de la mer. Les troupes de l’armée navale mirent pied à terre et servirent au siège, les chefs d’escadre comme maréchaux de camp et le bailli de Noailles comme lieutenant général. Le comte d’Estrées demeura sur la flotte. Outre ces difficultés, les chaleurs étoient excessives. Il y eut beaucoup d’actions très-vives et très-belles ; le prince de Birkenfeld, à qui son père avoit donné le régiment d’infanterie d’Alsace, à la tête duquel il étoit devenu lieutenant général, s’y distingua extrêmement, et tellement de l’aveu de tout le monde, que le roi ne voulut pas attendre la fin du siège à le faire brigadier, et récompenser le temps qu’il avoit perdu capitaine de cavalerie. Le duc de Lesdiguières y fit ses premières armes d’une manière fort brillante. Les comtes de Mailly et de Montendre, et le fils aîné du grand prévôt s’y signalèrent fort aussi.

La contrescarpe emportée, M. de Vendôme eut avis que la nuit du 15 au 16 juillet les assiégés devoient faire une grande sortie, et en même temps le vice-roi avec toutes ses troupes attaquer le camp. Là-dessus M. de Vendôme marcha au vice-roi, la nuit du 14 au 15, dont il trouva l’armée partagée en deux camps ; il en attaqua un, et fit attaquer l’autre par d’Usson. Aucun des deux ne résista presque ; ils furent surpris, et tout prit la fuite, et le vice-roi même tout en chemise. Les deux camps furent pillés, et pendant ce pillage quelque cavalerie ennemie prit le temps de se former et de venir tomber sur les pillards, mais on avoit prévu cet inconvénient,