Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/11

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et cette cavalerie fut défaite ; on leur tua ou prit huit cents hommes et beaucoup d’officiers. Le secrétaire et la cassette du vice-roi furent pris avec ses papiers, et cinq mille pièces de quatre pistoles. Par cette action l’armée ennemie fut entièrement dissipée et hors d’état de rafraîchir la place ni de montrer de troupes nulle part. On ne songea plus qu’à presser le siège. Il y eut encore beaucoup d’actions fort vives. Enfin les mines ayant fait tout l’effet qu’on en avoit espéré, et l’assaut prêt à donner, M. de Vendôme envoya Barbezières leur parler. Pimentel s’approcha de lui. Il y eut des propositions sur l’état où la place se trouvoit réduite qui produisirent quelques allées et venues. Enfin ils entrèrent le 5 août en capitulation, qui ne fut conclue que le 8. Elle fut telle que le méritoient de si braves gens qui, par leur belle défense, s’étoient montrés vrais Espagnols et dignes de l’être. On leur accorda trente pièces de canon, quatre mortiers, des chariots couverts tant qu’ils voulurent, et la plus honorable composition, et à la ville tous ses privilèges, excepté l’inquisition que M. de Vendôme ne voulut pas souffrir. Ils s’étoient fait un point d’honneur de ne battre point la chamade. Il périt beaucoup de monde de part et d’autre à ce siège, mais personne de marque. Le vice-roi, don François de Velasco, fut mandé à Madrid pour rendre compte de sa conduite, et La Corzana fut fait vice-roi. Le Montjoui se rendit par la même capitulation de la place, sans avoir été attaqué.

Chemerault arriva le 15 août à Versailles, où Barbezieux ne se trouva point, avec cette agréable nouvelle. Saint-Pouange le mena au roi, et Laparat, qui, comme principal ingénieur, avoit conduit le siège où il avoit été légèrement blessé, vint après rendre compte du détail de ce qui s’y étoit passé. Lui et Chemerault étoient brigadiers. Le roi donna douze mille livres à Chemerault et les fit tous deux maréchaux de camp, et avec eux M. de Liancourt qui servoit en Flandre, et ne s’attendoit à rien moins. Ce fut une galanterie que le roi fit à M. de La Rochefoucauld. Il y eut suspension