Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/163

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fut le vingt-quatrième parmi les gentilshommes dans la première promotion, et son fils le cinquante et unième dans celle de 1619, la même où le marquis de Marigny dont j’ai parlé fut le cinquante-cinquième.

Voilà une longue parenthèse avant de venir au fait qui l’a engagée, mais dont la curiosité pourra dédommager. Il faut pourtant en essuyer une autre dont on ne peut passer le récit pour bien entendre le fait dont il s’agit cette année.

Je ne sais où s’est prise l’origine du traitement si distingué que reçoivent en Sorbonne les princes ou ceux qui en ont le rang pendant leur licence. Ce ne peut être de la maison de Lorraine. Sa puissance a bien pu dominer cette célèbre école au point de lui faire commettre l’attentat de dégrader Henri III, et de le déclarer, sans droit ni autorité quelconque, déchu de la couronne après l’exécution de Blois de la fin de 1588, et après sa mort, Henri IV exclu de la couronne. Cette même puissance auroit donc bien pu imaginer ces honneurs et se les faire rendre ; mais elle-même ne les prétendoit pas alors, au moins le principal, et qui emporte les autres distinctions qui ne sont que locales. Elles consistent en celles-ci Le prince, ou celui qui en a le rang, qui soutient une thèse, a des gants dans ses mains, et son bonnet sur la tête pendant toute l’action, et il est traité de sérénissime prince tant par ceux qui argumentent contre lui, que par celui qui préside à la thèse. Il l’est aussi d’altesse sérénissime, et le proviseur de Sorbonne la lui donne dans ses lettres de doctorat. Quelque grands et puissants qu’aient été ceux de la maison de Lorraine en France, depuis qu’ils s’y vinrent établir sous François Ier jusqu’à la destruction de la Ligue sous Henri IV, aucun d’eux n’a été traité d’altesse que le duc de Lorraine souverain, et l’acné ou le chef de leur maison.

De ceux qui ont pour ainsi dire régné en France parmi les troubles qu’ils y formèrent, nul n’a été plus respecté ni