Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/168

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vie abandonné, et dont il a tiré de grands services. Avec ces secours, M. de Turenne put prétendre pour lui toutes les nouveautés qu’il voulut ; elles s’exécutèrent plus tôt que personne ne s’en fut avisé, et une fois faites et sans disputes ni plaintes, la cour n’en dit rien aussi, et ne voulut pas courre après, et donner ce dégoût amer à M. de Turenne[1]. N’est-ce point là voler un peu sur les grands chemins ? Si on examine bien tout ce rang de prince étranger, même dans ceux qui le sont par naissance, on le trouvera tout composé de pareils brigandages.

Sur cet exemple, l’abbé de Soubise prétendit les mêmes distinctions. Il y trouva de la résistance. Mme de Soubise n’eut pas peine à la vaincre. Le roi a toujours regardé celui-ci avec d’autres yeux que les autres enfants de Mme de Soubise, lui et un plus jeune qu’on appeloit le prince Maximilien ; car depuis elle, tout fut et se nomma prince dans cette maison. Mais ce prince Maximilien fut tué de fort bonne heure, et n’eut pas le temps comme l’abbé de profiter de l’affection particulière du roi. Il commanda au proviseur et à la Sorbonne, et l’abbé de Soubise fut traité comme l’avoit été le cardinal de Bouillon. La suite naturelle étoit que tout finît de même. Il avoit été prieur de Sorbonne pour briller et capter cette école irritée des ordres du roi à son égard. Il en fallut venir à ses lettres de doctorat, et c’est le point qui a causé toute cette digression pour l’entendre. M. de Reims n’y voulut point mettre d’altesse sérénissime. Il étoit proviseur de Sorbonne, et alléguoit que M. de Péréfixe qui les avoit données avec ce traitement à M. de Bouillon, depuis cardinal, n’étoit pas duc et pair. Mme de Soubise en vint à bout aussi aisément que du reste. Le roi l’ordonna à l’archevêque de Reims, et lui dit pour toute raison qu’il ne donnoit pas ces lettres comme archevêque de Reims, mais comme proviseur

  1. Il y a ici quelques difficultés de dates que l’on trouvera éclaircies dans les notes à la fin du volume.